Entretien avec Pascalina Delgard, auteur du blog Le jour d’avant

Entretien avec Pascalina Delgard, auteur du blog Le jour d’avant

Dans le cadre de notre rubrique sur les personnalités de la généalogie, nous vous présentons la généablogueuse Pascalina Delgard, auteur du blog Le jour d’avant.

Présentez-vous-en quelques lignes. 

Je m’appelle Pascalina, j’ai 38 ans et j’habite à Pau. Je suis d’origine réunionnaise, j’ai quitté l’île en l’an 2000 pour continuer mes études à Montpellier. J’y suis restée jusqu’à en 2009 avant de déménager à Pau pour des raisons professionnelles.

Quelle est votre activité actuelle ?

Je travaille dans un organisme public de formation continue.

Comment est né votre intérêt pour la généalogie ?

J’ai commencé à effectuer des recherches sur mes ancêtres en 2010, principalement sur internet. Puis j’ai décidé rapidement d’acheter un logiciel de généalogie et de créer mon propre arbre généalogique car je trouvais les résultats sur mes ancêtres directs assez parcellaires dans les bases existantes.

Quelle est l’origine de votre nom de famille ?

C’est en 1834 que mon nom de famille apparaît pour la première fois dans un acte officiel. C’est donc très récent et s’explique par le fait que j’ai des ancêtres esclaves du côté paternel.

Une certaine Julienne âgée de 40 ans et originaire de Saint-Louis est affranchie en 1834 par une demoiselle Marie Anne Julie, probablement ancienne esclave elle aussi. Je descends de l’un des fils de Julienne, Pierre. Le nom se transforme en Delgarde en 1835 avant de prendre sa forme définitive quelques années plus tard : Delgard. Le choix de ce nom reste encore mystérieux aujourd’hui et j’ignore si c’est la famille affranchie elle-même, la propriétaire des esclaves ou l’officier de l’état civil qui l’a attribué à mon ancêtre.

Qu’est-ce qui a bien pu alors inspirer ce nom ? Il existait sur l’île une famille d’origine anglaise connue sous les noms d’Elgart ou d’Elgar dans les premiers temps de la colonisation, mais je ne suis jamais parvenue à faire le lien entre mon ancêtre Julienne et cette famille Elgart. Ce nom anglais semble d’ailleurs avoir déjà disparu de l’île au moment de l’affranchissement de Julienne.

J’ai émis d’autres hypothèses, notamment celle d’une déformation du prénom Edgar. Il arrivait qu’un esclave nouvellement affranchi prenne comme nom de famille le prénom d’un de leurs parents, le plus souvent celui de leur mère mais parfois celui de leur père naturel. J’aime beaucoup cette idée mais il reste encore à l’étayer.

L’acte d’affranchissement de mon ancêtre Geneviève Delgard.

L’acte d’affranchissement de mon ancêtre Geneviève Delgard.

Quelle est votre découverte généalogique la plus marquante ?

Il y en a eu beaucoup, mais peut-être que cet acte d’affranchissement de Julienne que j’ai trouvé il y a déjà plusieurs années fut l’une des plus marquantes finalement. Il a été le point de départ de nouvelles recherches sur des collatéraux affranchis eux aussi et a permis de voir à quel point certaines familles vivant sur un petit secteur géographique sont restées très liées entre elles au cours des décennies qui ont suivi.

Mais cet acte reste aussi l’un des points bloquants de ma généalogie pour l’instant car rien n’indique la filiation de mon ancêtre affranchie. C’était une des toutes premières surprises généalogiques et en même temps l’un des premiers espoirs déçus. Mais j’ai remarqué qu’à chaque découverte que je fais, il y a souvent un sentiment ambivalent qui domine, j’oscille entre émerveillement et frustration de ne pas pouvoir aller plus loin. Le rêve généalogique serait donc aujourd’hui de remonter aux origines de Julienne.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre blog Le jour d’avant ?

Ce blog a été créé au départ pour une raison bien précise. J’ai suivi une formation en généalogie à l’université de Nîmes en 2016 et après avoir rendu une étude écrite sur une famille paloise du XIXe siècle (choisie au hasard), j’ai voulu mettre en ligne une partie de mes recherches. Cette famille me fascinait tellement à l’époque que je n’arrivais pas à la « quitter » comme ça du jour au lendemain, il me semblait que beaucoup de choses encore restaient à découvrir. Ce fut d’ailleurs le cas. Aujourd’hui encore, je poursuis mes recherches et je rédige de nouveaux articles sur cette famille à laquelle je ne suis pourtant pas liée.

Quelques semaines après l’ouverture du blog, j’ai eu envie d’écrire aussi sur mes propres ancêtres et c’est ce que j’ai commencé à faire par le biais notamment du #RDVAncestral. Le fait de romancer un peu les grands événements de leurs vies me permet de garder une certaine distance avec eux et c’est quelque chose qui me convient tout à fait.

Un conseil pour les généalogistes débutants ?

Un conseil que l’on donne toujours à ceux qui débutent la généalogie est d’être rigoureux, de toujours noter les recherches déjà effectuées et d’indiquer précisément les sources. Mais cela peut vite devenir fastidieux. Le but c’est de se faire plaisir, alors je conseillerais surtout de commencer par les ancêtres que l’on affectionne le plus et de creuser les recherches avec toutes les sources disponibles. Je passe parfois des semaines ou des mois sur quelques membres d’une même famille. Heureusement que les autres sont patients !

Et si on ne sait pas par qui commencer ou si personne ne nous inspire, laissons faire le hasard, il fait parfois très bien les choses.