Entretien avec Jean-Jacques Candries, de l’association Histoires de Famille
- De Elisabeth
Dans le cadre de notre rubrique sur les personnalités de la généalogie, nous vous présentons Jean-Jacques Candries, fondateur de l’association Histoires de Famille, qui est très active dans le départment du Nord. Lors d’un entretien avec MyHeritage, il nous a dévoilé les initiatives et projets de son association.
Comment est né votre intérêt pour la généalogie ?
J’ai 63 ans aujourd’hui mais je suis généalogiste depuis mon enfance ! Déjà tout petit, je voulais savoir d’où je venais. Je m’étais découvert également une passion pour la taphophilie et cela dès l’âge de 8 ans, mais à l’époque il fallait être majeur pour aller aux archives et visiter les cimetières.
La vie a fait que j’ai mis cette passion de côté pendant quelques années, tout en m’intéressant à la vie de mes parents et grands-parents en les interrogeant régulièrement. Ce n’est que dans les années 90 que j’ai vraiment commencé suite à un accident. Pendant ma convalescence, ma fille devait faire son arbre généalogique pour l’école. On l’a fait ensemble puis j’ai continué en retrouvant plus de 900 ancêtres et à l’époque on n’avait pas MyHeritage, il fallait se déplacer !
« Et si je réunissais ces généalogistes qui d’après leurs demandes ont pratiquement tous les mêmes ancêtres ? »
Lorsque l’association Le Fil d’Ariane a été créée, je suis devenu bénévole et je me rendais souvent dans une petite commune d’Hergnies (dans le département du Nord) où j’ai découvert leurs archives qui remontent à 1660. Je me suis dit que ce serait une bonne idée de les numériser pour les sauvegarder. Sans emploi à l’époque, j’étais en formation en bureautique et je devais faire un stage. J’ai donc proposé de numériser leurs archives et j’ai continué… Puis j’ai décidé de reconstituer les familles, ce qui m’a pris trois ans. Lorsque j’ai mis cette généalogie sur internet, j’ai reçu de nombreuses demandes pour obtenir un acte et je me suis dit : « Et si je réunissais ces généalogistes qui d’après leurs demandes ont pratiquement tous les mêmes ancêtres ? ».
J’ai donc créé les premières rencontres généalogiques en 2011 composées exclusivement d’amateurs et le succès a été au rendez-vous avec plus de 350 visiteurs sur une journée. Le maire de Hergnies m’a encouragé à poursuivre en 2012 et 2013 en rejoignant une association existante mais j’ai voulu voler de mes propres ailes. En 2014 j’ai organisé mes rencontres à Crespin en invitant des associations (Généalo, l’AGHH et les AD du Nord) et avec le même succès.
Pouvez-vous présenter l’association Histoires de Famille à nos lecteurs ?
En 2015, j’ai créé avec mon épouse l’association Histoires de Famille. J’ai contacté les personnes qui venaient exposer leurs arbres et ils ont adhéré aux projets. Ils sont toujours présents aujourd’hui. Depuis d’autres nous ont rejoint. En 2021 j’ai quitté Crespin et j’ai organisé les rencontres où je réside, à Vieux-Condé. En 2023 nous en serons à notre 12ème édition, avec le même principe réunissant amateurs et associations. A noter que chaque année nous proposons des thèmes différents avec une exposition (Bateliers, mineurs, etc…).
Comment l’association fonctionne-t-elle ?
L’association Histoires de Famille se démarque des autres associations en ne publiant aucune revue, ni dépouillement. La mission première est de sauvegarder le patrimoine historique, généalogique et funéraire des communes dites du Pays de Condé. Bien sûr, lors de nos ateliers, nous proposons des initiations à la généalogie, ateliers que nous proposons dans trois communes : Vieux-Condé, Saint-Aybert et Bruay-sur-l’Escaut afin de toucher plus de personnes. Nous aidons nos adhérents dans tous les domaines : traduction, paléographie, informatique grâce aux compétences de nos adhérents. Nous avons également créé des pages Facebook : comme celle dédiée aux bateliers, grâce à la création de la page Facebook (Depuis nous avons créé une trentaine de pages Facebook avec chacune une spécialité : Enfants trouvés, Militaires, Prisonniers de Guerre, douaniers, instituteurs etc.. toujours géré par nos adhérents).
Numériser les archives et recomposer les familles
Notre principale activité, cependant, est la reconstitution des familles à partir de registres, recensements et archives. Après Hergnies, nous avons reconstitués les familles de Vieux-Condé et de Vicq, et actuellement nous sommes sur les communes d’Escautpont, de Crespin, de Fresnes-sur-Escaut, de Thivencelle, de Saint-Aybert, de Wiers et de Bruille-Saint-Amand. A ce jour, notre base de données comporte plus de 130.000 individus. Après avoir numérisé les archives de la commune d’Hergnies, nous avons travaillé sur celles de Thivencelle puis celles de Saint-Aybert et aujourd’hui celles de Crespin. Pour Thivencelle, nous l’avions proposé à la Commune, depuis ce sont les communes qui nous contactent par le « bouche à oreilles ». Nous leur proposons un partenariat : nous numérisons toutes les archives (hors registres qui le sont déjà par les Archives Départementales) en leur remettant une copie et nous utilisons leurs archives pour compléter les généalogies. Les documents vont de la demande d’ouverture d’Estaminets à la publication de mariages en passant par la liste de propriétaires de chiens, de vélos ou de voitures, les certificats de décès, sans oublier la liste des douaniers, des cabaretiers ou des élèves et j’en passe. A ce jour plus de 125.000 documents numérisés, une infime partie est exposée lors des journées des patrimoines. Nous avons également photographié les tombes du cimetière de la commune d’Hergnies dans le cadre de la sauvegarde du patrimoine funéraire. Ce qui m’a valu de me faire embaucher par la commune pour gérer leur cimetière et créé un plan permettant de localiser une sépulture rapidement et sans passer par le service cimetière de la commune.
Quels sont les projets de l’association pour l’avenir ?
Dans les prochains mois, nous allons en faire de même pour le cimetière de Saint-Aybert puis celui de Crespin. Bien sûr, nous mettons nos travaux à la disposition des généalogistes en les publiant sur MyHeritage.
Les documents que nous avons numérisés et indexés ne sont consultables que sur demandes via notre site.
Nous avons bien évidemment d’autres projets de reconstitutions de familles, mais cette fois sur des communes belges proches des communes françaises citées (Hensies, Bernissart).
Si notre association compte aujourd’hui une soixantaine d’adhérents et en grande majorité des adhérentes (allez savoir pourquoi) il est bon de noter que nous sommes une petite vingtaine à nous retrouver lors de nos ateliers. La grande majorité de nos adhérents ne résident pas dans la région de Valenciennes, nous avons des adhérentes et adhérents dans beaucoup d’autres départements et pays (en Belgique et même au Brésil). Dans ce cas, ils utilisent la page Facebook de l’association pour communiquer et n’hésitent pas à venir exposer leurs généalogies lors de nos manifestations.
Dans l’avenir notre association souhaiterait ouvrir d’autres partenariats avec d’autres communes pour la numérisation de leurs archives, numérisations que nous effectuons avec du matériel semi-professionnel et gracieusement tout en respectant les documents. Nous aimerions également proposer une grande exposition avec une partie des documents que nous avons numérisés à Crespin, Saint-Aybert et Thivencelle et organiser en 2024 ou 2025 un forum des associations de généalogies des Hauts de France (avis aux amateurs). Nous aimerions également présenter nos arbres différemment grâce à de nouveaux outils informatiques et pourquoi pas en 3D, proposer autre chose que des arbres papiers me semble contribuer à l’avenir de la généalogie.
Quel est selon vous l’avenir de la généalogie ?
S’il y a quelques années, la généalogie se faisait exclusivement en se déplaçant en mairie ou aux archives (les anciens se reconnaîtront) et il fallait des mois voir des années pour arriver à la 10ème génération, aujourd’hui de nouveaux outils sont arrivés, comme les logiciels de généalogie ou les bases de données qui nous permettent en quelques clics de retrouver un acte. Certes il est plus facile aujourd’hui de faire son arbre mais je regrette l’odeur du vieux papier ou l’attente du courrier en espérant obtenir l’acte tant recherché.
D’ailleurs j’enseigne à mes adhérents de travailler en recherchant l’acte à partir des tables décennales lorsqu’elles sont disponible ou en consultant les registres (en ligne ou sur place) où l’on apprend plus sur son ancêtres qu’en recopiant des données déposées par d’autres généalogistes. Pour moi toutes les bases de données nous facilitent grandement les recherches mais cela reste des outils à utiliser avec prudence et en vérifiant chaque information en retrouvant l’acte.
Un conseil pour les généalogistes débutants ?
N’hésitez pas à partager vos recherches, vous retrouverez sans doute une information que vous cherchez depuis des années ou un cousin éloigné dont vous ignoriez l’existence. Un dernier conseil si vous voulez commencer ou poursuivre votre généalogie, adhérez à une association où les conseils vous éviteront de partir dans la mauvaise direction et je sais de quoi je parle.