Entretien avec Jérôme Malhache, généalogiste professionnel

Entretien avec Jérôme Malhache, généalogiste professionnel

Dans le cadre de notre rubrique consacrée aux acteurs de la généalogie, nous avons le grand plaisir d’accueillir aujourd’hui l’un de ses plus éminents représentants : Jérôme Malhache, généalogiste professionnel depuis bientôt quinze ans. Voici le portrait d’un homme, qui de sa passion, a fait son métier.

Pouvez-vous vous présenter en quelques lignes ?

Je suis généalogiste professionnel basé à Courbevoie près de Paris. Dans la famille des généalogistes professionnels j’appartiens au groupe des généalogistes familiaux, ceux qui travaillent sur l’histoire des gens. L’autre groupe est constitué par les généalogistes successoraux, auxiliaires du notariat, qui recherchent des héritiers inconnus dans le cadre du règlement des successions. J’exerce le métier de généalogiste familial depuis une douzaine d’années. Arrivé à l’âge où on est incité à commencer à réfléchir aux trimestres validés pour la retraite cela veut donc dire que j’ai eu une première vie professionnelle. Mais même avant cela j’ai l’impression que je me suis toujours intéressé à la généalogie.

Comment est né votre intérêt pour la généalogie ?

Petit j’étais curieux de l’histoire de ma famille. Mais je crois que c’est notre point commun à nous tous, généalogistes amateurs ou professionnels. C’est la curiosité de l’enfant qui reste sur sa faim quand sa grand-mère lui raconte le passé et les disparus. Elle évoque des épisodes, parle de ses propres grands-parents, mais au-delà c’est vague. Les enfants veulent des faits précis, des histoires complètes, et les grands-mères n’ont pas réponse à tout. D’où, plus tard, mon premier contact avec les actes d’état civil, puis les microfilms commandés d’un service d’archives à un autre (internet n’existait pas), et ça ne s’est plus arrêté.

Comment se déroule la journée d’un généalogiste professionnel ?

Il n’y a pas de journée-type. Le généalogiste professionnel familial est un travailleur indépendant, un entrepreneur. Comme tous les indépendants il doit assumer seul une multitude de tâches qui vont de l’administratif à la comptabilité en passant par la gestion de sa communication. Et puis il y a le cœur du métier. Sa mission première est d’effectuer les recherches que d’autres n’ont pas le temps de faire ou ne sauraient pas faire. Il apporte aux clients son expertise tant dans l’analyse des configurations que dans sa connaissance des archives. Son travail consiste donc d’abord à décrypter les situations et les attentes, à chercher l’information puis à la restituer de façon explicite. Son temps se partage entre la gestion des demandes, les recherches en archives, la formalisation. Va-et-vient entre terrain, et bureau. Dans mon cas il faut y ajouter le temps que je consacre à partager mon expérience en tant que formateur. Bref, chaque dossier pose de nouvelles questions et chaque jour de la semaine impose un emploi du temps différent de celui de la veille. C’est ce qui me plait, je n’ai jamais aimé la routine.

Quelle est la ou les découvertes les plus marquantes que vous avez faites sur votre famille ?

Pas de découverte marquante, pas de choc qui me vienne à l’esprit. C’est peut-être parce que depuis douze ans j’ai visité, grâce à mes clients, une quantité appréciable de sagas familiales hors normes. Mais ma propre généalogie m’a quand même servi de laboratoire. L’observation de la façon dont se sont transmis certains épisodes, la distorsion des faits ou l’altération du contexte. Tout bonnement les failles de la mémoire et de la tradition orale confrontées au verdict des archives, m’ont fourni des grilles d’analyse utiles au quotidien.

Quel est l’origine de votre nom de famille ?

Aussi loin que les registres permettent de l’observer, mon nom de famille est concentré en Lorraine et dans la région de Liège. Son étymologie parait simple et elle l’est. Il est construit comme de nombreux autres noms de famille français, avec le préfixe mal suivi d’un substantif : Malglaive, Malhuis, Malfait, etc. On pourrait donc avancer que Malhache a pour sens « mauvaise hache ». La meilleure preuve c’est qu’en pays liégeois on trouve le nom de famille Malcougnée avec des porteurs désignés comme « Malcougnée dit Malhache » ou l’inverse. La cognée est une sorte de hache. Et selon le Dr L. Thiry le nom Malhache est la traduction française du wallon Mâlcougneie. Simple ? Par pour tout le monde. Dans son Dictionnaire étymologique des noms de familles de Belgique et du Nord de la France, le Dr Frans Debrabandere affirme que Malhache vient du Français « malaise ; mal aisé » ! Je n’ai toujours pas compris comment on peut arriver à de telles conclusions…

Quel est selon vous l’avenir de la généalogie?

Selon moi la généalogie, discipline vieille comme le monde, a un bel avenir devant elle. La généalogie-loisir a vocation à étendre son rayonnement en touchant un public toujours plus large. Primo, parce qu’internet le permet, secundo, parce qu’elle porte un message positif. Quant à la généalogie vue comme l’une des sciences auxiliaires de l’histoire elle ne cesse de démontrer son utilité en histoire sociale.

Un conseil pour les généalogistes débutants ?

Ne pas prendre pour argent comptant ce qu’on lit dans certains dictionnaires étymologiques ! Non, plus sérieusement, les règles sont toujours les mêmes, quels que soient les outils qu’on utilise : de la méthode, de la méthode et encore de la méthode. Et puis surtout s’armer de persévérance et mettre de côté les idées toutes faites. Avoir l’esprit ouvert c’est déjà se donner la chance de mener à bien une recherche.

Commentaires

L'adresse e-mail reste privée et ne sera pas affichée.

  • Alyne Lajoie

    27 octobre 2013

    Bonjour
    Je suis une femme, je m’appelle Alyne Lajoie j’ai 59 ans, je suis du Canada, plus principalement
    du Québec, au Saguenay Lac-Saint-Jean, a Roberval. Mon premier ancêtre François Lajoie
    vient de France, je me demandais. Il a épousé
    Brigitte Desbiens le 18 novembre 1748 St-Louis Ile aux Coudes, il a émigré de la France 1745. Si vous pourriez trouver sa date de naissance.J’ai pas la date de sa naissance, et ses parents.
    P.S si vous avez besoin d’information au Canada je pourrais faire des recherches pour vous.
    Merci encore
    Alyne Lajoie
    Roberval Québec Canada

  • J.A. d’Avray

    28 octobre 2013

    Historien et Genealogiste Amateur, voilà plus de vingt ans que je m’interesse à la genealogie de ma propre famille. Les parcours sont souvent déprimants car en effet l’imaginaire joue son role mais la généalogie est un virus tenace et les fréquentes découvertes sont un encouragement à poursuivre les recherches plus loin dans le temps. Cela demande beaucoup de patience certes, mais quel bonheur lorsque l’on trouve.

  • ANTIN

    28 octobre 2013

    Bonjour, je viens de parcourir la page d’accueil, je suis en Nouvelle Caledonie et je fais l’arbre familial depuis 5 années maintenant. Je suis touché par le plaisir de chercher et de trouver. Je pense bien me débrouiller malgré les « barrages » mis en place par certaines communes (95 et Cergy Pontoise en particulier)
    une idée: pourquoi chacun numérise avec une façon différente d’accès ? Stupidité qui nous freine énormément.
    En ce qui me concerne j’aurai aimé savoir si deux noms différents de famille peuvent être lié sans risquer une erreur ? A compter des années 1690/1700 je repars sur ANQUETIN au lieu de ANTIN.
    J’ai d’ailleurs trouvé une personne appelé ANQUETIN Louis et qui dans son acte était nommé ANTIN Louis. Que puis-je penser, car je n’ai jamais eu de réponse de personne a ce sujet malgré toutes mes alertes. Pour ma part je m’efforce a trouver les actes pour chaque personne ajoutée ce qui me permet d’avancer et de corriger les erreurs, surtout avec les actes de mariage.
    Merci de votre interview.

  • Degironde Jacqueline (née Angeneau)

    14 août 2014

    Je ne sais pas où est inhumée ma grand -Mère, Annette Charreyras, née à Nohanent (1886 environ). La Commune m’a donné un acte de décès (janvier 1925). Il y a une concession, mais pas le nom. J’ai demandé un acte à la Paroisse. Elle a eu tous les sacrements mais les Curés n’accompagnent pas le défunt jusqu’au cimetiere. J’ai demandé à une cousine de mon père, qui m’a dit « Elle est à StJulien ». Après son décès (de cette Cousine) sa Fille m’a écrit les noms qui étaient à StJulien; il n’y a pas ma grand Mère; quel est le secret ? Je pense que son Frère a emmené le cercueil dans la région parisienne!!! J’ai 77 ans. Jacqueline

  • ROBINET Gilbert

    21 janvier 2016

    Bonjour,
    La moitié de ma famille est en Lorraine aussi.
    Faisant de la généalogie depuis peu, j’ai bien compris que les actes de Moselle et plus particulièrement ceux qui m’intéressent à et autour de Bitche, n’étaient pas accessibles sur internet par les archives départementales, mises à part quelques tables décennales.
    Pourriez-vous me dire, simplement, si concrètement on ne peut effectivement pas atteindre d’acte ou si je ne sais pas où chercher ?
    Un grand merci si vous pouviez me répondre, sinon bonne continuation à vous.

  • Jérôme Malhache

    31 janvier 2016

    Bonjour,
    Non, vous avez bien cherché, l’état civil (postérieur à 1792) n’est pas encore en ligne. Seuls, pour l’instant, les registres paroissiaux sont accessibles sur le site des AD de la Moselle. Mais la numérisation est en cours. Attention toutefois : comme elle est faite à partir des microfilms, certaines bobines seront indisponibles pendant quelque temps. Renseignez-vous avant de vous déplacer en salle de lecture.
    Bien cordialement.