Entretien avec Jean-Yves Houard, secrétaire général de la Fédération Française de Généalogie

Entretien avec Jean-Yves Houard, secrétaire général de la Fédération Française de Généalogie

Aujourd’hui notre rubrique sur les acteurs du monde de la généalogie nous amène au cœur de la généalogie française. La Fédération Française de Généalogie regroupe plus de 150 associations et a pour but d’aider quiconque à effectuer des recherches généalogiques. Rendez-vous à Pantin à la Maison de la Généalogie, où j’ai rencontré Jean-Yves Houard, son secrétaire général, que je remercie, ainsi que Nathalie Jacquemart, aussi chaleureuse en vraie qu’au téléphone.

Pouvez-vous vous présenter en quelques phrases ?

J’ai commencé la généalogie en Seine et Marne où j’habite. J’ai intégré le Cercle Généalogique de la Brie et le cercle de Seine et Marne, afin de faire la généalogie de mon épouse qui a toutes ses racines en Brie. J’ai pris goût à la vie associative et je suis devenu président du Cercle Généalogique de la Brie. Je suis maintenant le président de l’Union Généalogique Francilienne, union qui réunit tous les cercles généalogiques d’Ile de France membres de la fédération française – il y en a 16 –  nous coordonnons le travail des uns et des autres.

Comment est né votre intérêt pour la généalogie ?

La passion pour la généalogie m’est venue avec mes grands-parents et mes parents qui me racontaient le passé de la famille, les migrations entre régions, les métiers : maçons, commerçants…  . Je me suis rapproché d’un cercle de généalogie pour apprendre comment faire et organiser mes recherches. J’ai commencé par ma belle-famille briarde, région où j’habite, ce qui m’a simplifié mes premiers déplacements, j’ai longuement interrogé ma belle-mère et bien noté tout ce qu’elle me disait sur sa famille. Donc, je me suis formé progressivement et en retrouvant plusieurs centaines de cousins vivants.

Ensuite j’ai commencé ma propre généalogie ; qui est plus éclaté en Bourgogne, en Creuse et en Vendée.

Quel est l’origine de votre nom de famille ?

Ma famille vient de la Nièvre mais le nom de famille est surtout répandu en Normandie, et provient du mot houe. Les premiers Houard devaient être des paysans maniant la houe.

Quelle est la découverte la plus marquante que vous avez faite ?

Mes parents et mes grands-parents étaient commerçants. Enfant je ne comprenais pas les devoirs de vacances où il fallait raconter les vacances à la ferme chez nos grands-parents, moi je n’avais pas de paysans dans ma famille ! Et puis j’ai découvert en remontant au  XIXe siècle que j’avais beaucoup d’ancêtres agriculteurs ou vignerons comme tous les Français.

Pouvez-vous présenter à nos lecteurs la Fédération Française de Généalogie ?

La Fédération Française de Généalogie existe depuis 1968. Son but est de rassembler toutes les associations de généalogie non professionnelles afin de  les représenter auprès des ministères et autres instances afin de faire évoluer certains dossiers. Par exemple, la Fédération a beaucoup œuvré pour  la loi de 2008 qui a réduit les délais d’accès aux Archives. Elle a pour rôle de conseiller, informer, défendre et assister ses membres et servir la généalogie en général.

Font également partie de la fédération, quelques associations tournées vers l’étranger : Geniberica pour l’Espagne, Racines franco-belges pour la Belgique, Ancêtres italiens et Racines italiennes pour l’Italie, Le Cercle de Généalogie Juive et GenAmi pour l’Europe centrale.

Les associations ont dû évoluer avec l’introduction de l’informatique. On remarque lorsque les actes d’un département sont mis en ligne, une petite baisse dans le nombre d’adhérents car ils pensent qu’ils vont se débrouiller tout seuls, mais ensuite ils reviennent vers les associations. Cela prend du temps de chercher un acte en ligne et beaucoup de gens sont pressés. Ils veulent aller très vite, ils remontent assez facilement jusqu’en 1700 et puis ils sont bloqués à cause de l’écriture. Ils reviennent pour trouver une formation, des encouragements, et l’échange des travaux avec les autres.

Quels sont les travaux en cours ou déjà portés à terme ?

Tous les deux ans la Fédération organise un congrès, avec l’aide d’une association locale. C’était à Lille en 2011, et ce sera à Marseille l’année prochaine.

La Fédération a un site internet, un blog qui sert à donner nos opinions et présenter nos travaux, et nous avons une lettre d’information, appelé le flash info, qui sort tous les mois  et qui est également sur le site en accès libre.

Tous les deux ans, en parallèle avec les congrès, nous organisons les assises de la généalogie à Paris. Pendant une journée, des conférenciers prennent la parole. En décembre 2011, nous étions à Vincennes pour travailler sur les archives du ministère de la Défense.

En ce moment, nous préparons le congrès de Marseille. Une journée sera réservée aux associations pour réfléchir à l’avenir de la généalogie associative, suivie des trois jours du salon ouvert au public.

Le Forum National de Généalogie a lieu tous les deux ans au mois de septembre, en alternance avec le congrès. En septembre dernier, Gene@2012 s’est tenu aux Archives nationales à l’hôtel Soubise de Paris.

La fédération a créé une base de données qui s’appelle Bigenet. Tous les dépouillements des associations qui participent à Bigenet sont disponibles sur ce site. Sur Bigenet, le moteur de recherche avec une partie gratuite permet de chercher les actes qui vous intéressent et la partie payante est destinée à voir les actes.

Quels sont les projets de l’association pour l’avenir ?

Une des actions que nous menons en ce moment est la généalogie pour les jeunes. Pendant plusieurs années, nous avons eu une commission Génécole, avec  un diplôme du jeune généalogiste. Depuis quelques mois, on a créé une association ‘Les jeunes et la Généalogie’. Une convention a été signée avec l’EPIDE (Etablissement Public d’Insertion de la Défense). Ce sont des stages de la deuxième chance. La généalogie apporte beaucoup aux jeunes qui sont un peu perdus et cela leur donne des repères.

Quel est selon vous l’avenir de la généalogie ?

Actuellement beaucoup de personnes se posent des questions sur leurs racines et se tournent vers la généalogie, et je pense qu’il va y avoir encore de nombreuses demandes. Par contre au niveau associatif, les gens aujourd’hui s’investissent moins, et nous avons un problème avec le renouvellement  des responsables.

Un conseil pour les débutants ?

Interroger tout son environnement, noter tous les souvenirs, rassembler tous les documents même les plus anodins comme les faire-part, cartes postales, courriers, etc, et annoter les photos de famille.