Corinne Hermès et le « cadeau de vie » de sa famille

Corinne Hermès et le « cadeau de vie » de sa famille

La chanteuse française Corinne Hermès a dévoilé la ballade dramatique «Si la vie est cadeau», au concours Eurovision de la chanson à Munich en 1983, remportant une cinquième victoire pour le Luxembourg. Mais pourquoi le Luxembourg et pas sa France natale ?

En combinant les documents historiques de SuperSearch de MyHeritage, les données des arbres généalogiques et l’analyse de l’ADN, nos recherches sur l’histoire de la famille de Corinne pourraient bien répondre à cette question : sa généalogie montre un lien profond avec la société paysanne de la France et de la Belgique, dont un village peu éloigné du pays qu’elle a représenté à l’Eurovision.

Corinne Hermès est née Corinne Bondeaux le 16 février 1961 à Lagny-sur-Marne, en France. Sa carrière a débuté en 1974, quand elle a remporté un concours à Roquebrune-sur-Argens à l’âge de 13 ans. Avant de remporter l’Eurovision avec « Si la vie est cadeau », elle avait décroché le premier rôle aux côtés de Julien Clerc dans la comédie musicale  »36 Front Populaire. Elle a depuis sorti une douzaine de singles et quatre albums. Son prochain album, des reprises de grands standards français et internationaux, sortira à la rentrée prochaine et s’intitulera Intemporelle.

Résultats d’ADN de MyHeritage 

L’estimation des origines ethniques de Corinne Hermès

L’estimation des origines ethniques de Corinne Hermès

Bien que nous n’ayons trouvé aucun membre proche de sa famille, Corinne a plus de 370 cousins de 23 pays différents dans le monde qu’elle peut maintenant contacter directement depuis la plate-forme de MyHeritage.

L’ADN de Corinne a révélé qu’elle est d’origine européenne à 100%, mais loin d’être purement française, elle porte l’ADN de toute l’Europe. Le plus grand pourcentage de ses ancêtres provient de Breatgne, d’Irlande, d’Écosse et du pays de Galles (36,9%), tandis que 28,9% viennent d’Europe du Nord et d’Ouest, ce qui comprend la France et l’Allemagne, ainsi que la Belgique et du Luxembourg. 17,6% de son ADN provient du sud de l’Europe, 12,9% de la péninsule ibérique et 4,7% d’Italie; et les 16,6% restants viennent d’Europe de l’Est.

Heureusement, de nombreux membres de la famille de Corinne ont créé des arbres généalogiques en ligne. Il a donc été très facile de documenter les ancêtres de Corinne en remontant au moins six générations. Des documents français originaux sont constamment ajoutés aux «archives numériques», et ce que nous avons découvert révèle des aspects fascinants de la vie des ancêtres de Corinne au cours des IIème, IIIème et IVème Républiques de France jusqu’à la naissance de Corinne en 1961, trois ans après l’établissement de la Vème République.

Le Tour de France

La plupart des ancêtres mentionnés dans l’arbre généalogique de Corinne vivaient dans des communautés rurales, petites même à cette époque-là, comptant parfois moins de 100 habitants. Les noms des villages ressemblent à un petit « Tour de France », de Noroy-sur-Ourcq ou Marizy Saint Mard, à mi-chemin entre Paris et la frontière avec la Belgique d’aujourd’hui, jusqu’à Amigny-Rouy, Bertaucourt-Epourdon, Servais, Aisne et Barisis-aux-Bois au nord-est, jusqu’à Oinville-sous-Auneau à l’ouest de Paris et Pusy-et-Épenoux vers la frontière sud-est de la Suisse. Tous ces villages ont moins de 500 habitants, même aujourd’hui.

Les ancêtres de Corinne dans ces villages exerçant des activités typiques des communautés rurales : nous avons trouvé un «manouvrier» et un «manœuvre» (domestiques agricoles), plusieurs «journaliers» et un «bimbelotier» (marchand ambulant). Les femmes exerçaient des professions similaires et l’une des ancêtres était qualifiée de couturière. Malheureusement, les personnes qui vivaient à la campagne, loin des métropoles et des journaux, ont rarement été mentionnées dans les archives conservées à ce jour. Nous pouvons toutefois retracer leur vie à travers les étapes de la vie quotidienne : les actes d’état civil tels que les actes de naissance, de mariage et de décès, les documents d’immigration et ceux militaires. C’est grâce à ces documents que nous avons pu découvrir les histoires et le destin de certains ancêtres de Corinne.

La mère inconnue

Voici une découverte rare pour les généalogistes. Ce document concerne le mariage de Jean Baptiste Bondeaux, arrière-grand-père paternel de Corinne, et de son épouse, Marie Clémence Brahier, survenu en 1882. Le père de la mariée est répertorié comme inconnu des autorités; ce n’est pas inhabituel. Ce qui est inhabituel, c’est que la mère de l’époux est également inconnue. Il y a un vieil adage romain, «mater semper certa est» («la mère est toujours certaine»), mais cela ne semble pas s’appliquer à ce document.

Les autorités françaises semblent avoir été assez strictes, puisqu’elles notent sur le côté de ce document que le prénom de Marie ne sera désormais plus écrit Maria Clémence avec un «a» mais plutôt «Marie Clémence» avec un «e».

Des généalogistes ont ajouté le nom de Marie Arthémise née Dupont, à l’arbre généalogique de Corinne, comme étant la mère présumée de Jean Baptiste, mais il est juste de mettre en doute cette présomption. Pourquoi l’identité de sa mère était-elle inconnue ou cachée aux autorités ? Si sa mère était bien Marie Arthémise, pourquoi son existence aurai-elle été cachée après sa mort prématurée en 1874 ? Nous l’ignorons.

L’acte de mariage datant de 1882, mentionnant la mère de Jean Baptiste Bondeaux comme inconnue.

L’acte de mariage datant de 1882, mentionnant la mère de Jean Baptiste Bondeaux comme inconnue.

La connexion belge

Il y a deux branches dans l’arbre généalogique, l’une paternelle et l’autre maternelle, qui nous emmènent en Belgique.

L’une de ces familles, les Jambus (des ancêtres de la mère de Corinne), s’est installée dans la France rurale au XIXème siècle; les Guismés, du côté de son père, suivirent au XXe siècle. La naturalisation de la famille Jambu a été publiée dans le Journal officiel, ce qui en fait des citoyens officiels de la France.

Quatre membres de la famille Jambu ont suivi la procédure pour devenir citoyens français le même jour. Ils ont prêté serment d’allégeance le 31 juillet 1891 à Montreuil-sous-Bois.

Extrait du Journal Officiel documentant la naturalisation de quatre membres de la famille Jambu le 31 juillet 1891.

Extrait du Journal Officiel documentant la naturalisation de quatre membres de la famille Jambu le 31 juillet 1891.

Le document mentionne que le domicile du Jambu en Belgique se trouvait à Vance : un petit village situé dans les Ardennes, à environ 10 kilomètres du Luxembourg et à 15 kilomètres de la frontière française.

Le héros de guerre européen

L’Europe des XIXe et XXe siècles a été marquée par de nombreuses guerres et beaucoup d’hommes de la famille de Corinne ont participé à ces guerres, la plupart d’entre eux contre les Allemands. Un ancêtre, l’arrière-grand-père maternel de Corinne, Xavier Jambu, est décédé pendant la Première Guerre mondiale. Né en 1884, il était un réserviste appelé à servir le 1er août 1914. Son registre matricule décrit les circonstances de son dernier jour en février 1916 :

“Chargé d’une mission spéciale, l’a accomplie avec initiative, courage et sang-froid et s’est maintenu à son poste malgré un violent feu ennemi. Blessé mortellement au cours du combat.”

Corinne a le privilège de vivre dans une Europe où, depuis plus de 70 ans, Français, Belges, Luxembourgeois et Allemands expriment leur rivalité non par des guerres dévastatrices, mais par la musique.

Le registre matricule de Xavier Jambu, décrivant les circonstances de sa mort au combat en février 1916

Le registre matricule de Xavier Jambu, décrivant les circonstances de sa mort au combat en février 1916

Une connexion juive par un second mariage

Le père de Corinne s’est remarié dans une grande famille juive algéro-française. Beaucoup de ses demi-frères et sœurs vivent donc en partie en Israël. Dans sa chanson « Je n’ai jamais vu Jérusalem », sortie en 2012, Corinne regrette de n’avoir jamais vu cette ville si importante, affirmant que « Jérusalem à trois mille ans, et elle m’attend ».

Eh bien, nous ne savons pas si Corinne profitera de l’occasion pour combler cette lacune cette année, mais cela pourrait être une bonne occasion ; Tel Aviv, où se déroule l’Eurovision de cette année, se trouve à moins d’une heure de route de Jérusalem.

Capture d’écran de Corinne Hermès interprétant de «Je n’ai jamais vu Jérusalem»

Capture d’écran de Corinne Hermès interprétant de «Je n’ai jamais vu Jérusalem»

Les recherches de MyHeritage sur la généalogie de Corinne révèlent que cette gagnante de l’Eurovision est une véritable championne des peuples de l’Europe francophone : descendante de paysans modestes qui ont aimé, nourri, combattu et sont morts pour leur terre.

Commentaires

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  • Sophie Frank

    3 mai 2019

    Je lui souhaite de tout coeur de se rendre le plus vite possible en Israël.

    C’est un pays extraordinaire dont je découvre chaque jour les merveilles, qu’elles soient liées
    à ses 3000 ans d’histoire, à son présent foisonnant et à son futur technologique impressionnant.

    Nessiah tova !