Nos ancêtres les cannibales

Nos ancêtres les cannibales

Dans un article du mois d’août de la revue National Geographic, un archéologue espagnol nous explique comment les traces observées sur des os humains âgés de 800 000 ans témoignerait d’un cannibalisme très fréquent chez nos ancêtres du Paléolithique.

De nombreux indices ont été trouvés sur les restes de plusieurs enfants et adolescents datés de 800 000 ans. Traces de découpe provoquées par des outils en pierre, os brisés de manière à en extraire la moelle, décapitations : autant de signes indiquant que viande et cerveau ont atterri dans l’estomac d’autres humains.

Ce sont les conclusions de José Maria Bermudez de Castro, du Centre national de recherche sur l’évolution humaine de Burgos (Espagne), suite à sa nouvelle étude des ossements de la grotte de Gran Dolina découverts en 1994.

Ce premier cas de cannibalisme bien documenté n’est peut être pas le plus ancien, mais ces traces visibles sur divers fossiles humains se rapportent tout de même à une période d’une centaine de milliers d’années. Elles traduisent des habitudes alimentaires et non un comportement exceptionnel dû au manque de nourriture.
Les nombreuses ressources alimentaires de la région à cette époque du Paléolithique inférieur et les restes d’autres animaux retrouvés sur le site comme des chevaux, des cerfs ou des rhinocéros indiquent en effet un cannibalisme de type gastronomique et non rituel.


Gisement de Gran Dolina, Atapuerca (Burgos – Espagne)
Source : Wikimedia Commons – Mario Modesto Mata

Les restes  retrouvés à Gran Dolina, correspondraient à l’Homo antecessor, les premiers êtres humains qui se sont développés en Europe. Celui-ci a précédé l’homme de Néandertal et l’Homo sapiens. On estime qu’il s’est installé il y a environ 800 000 ans dans les grottes d’Atapuerca après une longue migration l’ayant amené de l’Afrique, via le Proche-Orient, le nord de l’Italie et la France avant d’arriver en Espagne.

Pour le spécialiste, se débarrasser des jeunes de tribus rivales permettait certainement de limiter la concurrence à venir sur un même territoire, la consommation de leur chair permettant à l’Homo antecessor de satisfaire ses besoins en protéines.

De la même manière, mais pour une autre période, les reste de 128 Homo Erectus néanderthaliens extraits de la caune de l’Arago près de Tautavel et datés d’environ 400 000 ans, révèlent aux archéologues français que la viande humaine faisait apparemment encore partie du menu :