J’ai retrouvé les descendants de l’homme qui a sauvé mon père des Nazis
Lionel Rossler, 49 ans, de Rebecq, en Belgique, a essayé pendant des années de retrouver la famille qui a caché son père et sa grand-mère et leur a sauvé la vie pendant la Shoah. Lorsqu’il s’est adressé aux réseaux sociaux pour demander de l’aide, Marie Cappart de MyHeritage a répondu – et grâce à ses recherches, Lionel et son père, David, ont pu rencontrer les descendants du sauveteur de David à l’endroit même où il les a cachés il y a tant d’années.
Regardez ces retrouvailles profondément émouvantes dans la vidéo suivante :
Voici l’histoire de Lionel :
Mon père, David Rossler, est né David Langa en 1938, et sa famille vivait à Bruxelles lorsque la persécution de la communauté juive a commencé. Ils ont déménagé plusieurs fois au cours de la guerre, et à un moment donné, son père et son oncle ont été arrêtés et ne sont jamais revenus. Mon père était alors un jeune enfant, et lui et sa mère ont été recueillis par le couvent catholique de Bruxelles. Lors d’un raid de la Gestapo, ils n’ont pu s’échapper que grâce aux actions courageuses de la mère supérieure (qui a reçu plus tard le titre de Juste parmi les Nations).
Après leur évacuation du couvent, mon père et ma grand-mère ont été recueillis par la famille Bourlet : Georges et ses quatre jeunes enfants adultes, Paul, Jacques, Anne-Marie et Christiane. La famille Bourlet les a hébergés à Auderghem, un des arrondissements de Bruxelles, vers la fin de la guerre en 1944.
Mon père se souvient qu’à la fin de la guerre, Georges Bourlet, craignant d’être pris et dénoncé, s’absenta discrètement du travail : sans rien dire à sa famille ni même à ma grand-mère, il se fit porter pâle et passa ses journées dans un café voisin, rentrant chaque soir comme s’il revenait du travail. Il n’a jamais révélé cela à sa famille, et ce n’est qu’après la guerre qu’il en a parlé à ma grand-mère et à mon père.
Grâce à son action héroïque, Georges a pu sauver la vie de mon père et de ma grand-mère. Neuf personnes ont été sauvées grâce à ce qu’il a fait ; mon frère, moi-même et nos enfants ne serions pas là aujourd’hui sans son courage et sa gentillesse.
Après la guerre, ma grand-mère s’est remariée et mon père a pris le nom de famille de son beau-père, qui était un survivant d’Auschwitz. Ils ont déménagé en Autriche et ont perdu le contact avec la famille Bourlet.
À la recherche des sauveteurs
Pendant de nombreuses années, j’ai essayé d’aider mon père à retrouver la famille Bourlet, sans succès. Finalement, en janvier 2022, j’ai tenté ma chance sur un groupe de réseaux sociaux, en demandant si quelqu’un avait des informations sur cette famille.
J’ai reçu une réponse de Marie Cappart, Country Manager pour MyHeritage en Belgique. Elle m’a dit qu’elle pensait pouvoir m’aider et s’est immédiatement mise au travail.
Après avoir parcouru les registres et recoupé les données, Marie a trouvé une Anne-Marie Bourlet, née à Auderghem en 1929. Elle a découvert que cette Anne-Marie a épousé quelqu’un portant le nom de famille Dedoncker et a eu 5 enfants – tous probablement encore en vie.
Après quelques recherches supplémentaires, Marie a trouvé Xavier, un des petits-fils de Georges Bourlet, et a réussi à le contacter. Elle a appris que Xavier avait un peu entendu parler de cette histoire, mais pas beaucoup.
De là, Marie a pu contacter d’autres descendants de Georges, dont ceux qui possédaient encore la maison familiale à Auderghem où Georges avait caché mon père et ma grand-mère. Nous avons eu une idée merveilleuse : pourquoi ne pas tous nous retrouver là-bas ?
La maison où tout a commencé" width="537" height="716" />La maison où tout a commencé
Et c’est ce que nous avons fait. Ce fut un jour incroyablement émouvant pour nous. J’ai pu voir, de mes propres yeux, l’endroit où mon père a été mis à l’abri des Allemands il y a tant d’années. Mon père est retourné à l’endroit où il a été sauvé pour la première fois en près de 80 ans, et a eu l’incroyable opportunité de remercier personnellement les descendants de son sauveteur pour tout ce qu’ils ont fait pour lui et pour nous. Dans la tradition juive, il existe un dicton selon lequel « Celui qui sauve une vie sauve toute l’humanité » ; Georges Bourlet a sauvé l’humanité neuf fois. Nous soumettons notre témoignage à Yad Vashem dans l’espoir qu’il soit reconnu pour son héroïsme et qu’il reçoive le titre de Juste parmi les Nations.
David (au centre) avec les descendants des Bourlet
C’est un jour que je n’oublierai jamais, et je suis très reconnaissant à Marie et à MyHeritage d’avoir rendu cela possible.
Il est important pour mon père que les jeunes générations entendent son histoire et comprennent qu’il ne doit plus y avoir de haine ni de guerre. Le coût de la guerre, tel qu’il l’a vécu, était trop élevé. Nous espérons et prions pour que ce message soit entendu, pour le bien de tous ceux qui souffrent encore de la violence.
