Mon père a retrouvé sa famille paternelle grâce à un Smart Match

De Elisabeth

14 août 2022

Nicoletta Wojciechowski

Nicoletta Wojciechowski, italienne, résidente à Lodi, a aidé son père à retrouver les traces de sa famille paternelle en Pologne. Elle raconte comment cela a été rendu possible grâce à un Smart Match sur MyHeritage.

« Mon grand-père, Zdzisław Wojciechowski, était un soldat polonais. Il faisait partie du 2e corps polonais qui a contribué à la libération de l’Italie en 1944. Avec son unité militaire, il avait fait un long chemin avant d’arriver en Italie : l’Iran, l’Irak, la Palestine, l’Egypte… L’histoire du 2e corps polonais est peu connu. Suite au changement d’alliance de l’Union soviétique qui venait d’être attaquée par son ancien allié, l’Allemagne nazie, Staline accepta en 1941 de constituer une armée polonaise, composée de prisonniers de guerre polonais, capturés en septembre 1939. Le 2e corps polonais, appelée également armée polonaise de l’Ouest, rejoignit finalement l’armée britannique.

Zdzisław Wojciechowski, le grand-père de Nicoletta, faisait partie du 2e corps polonais durant la Seconde Guerre mondiale.

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Arrivés sur le sol italien, ces soldats polonais vont prendre part à de durs combats, dont la fameuse bataille de bataille de Monte Cassino, pour laquelle Zdzisław a reçu la médaille de la valeur militaire.

De là, ils ont poursuivi leur route en remontant l’Italie et sont arrivés en Romagne. Les polonais se sont battus dans des villes comme Forli, qui fut libérée le 9 novembre 1944 et Bologne qui le fut en avril 1945. Ils ont stationné dans la région pendant plus d’un an.

Ma grand-mère, Lina, était de Forli. Ses parents habitaient une grand demeure à San Lorenzo in Noceto où les anglais s’installlèrent d’abord, remplacés ensuite par le 2e corps polonais. Mon père est né le 2 mai 1946 des amours de Zdzisław et de Lina. Il fut prénommé Giovanni, d’après le nom de son grand-père paternel, Jan. Zdzisław étant très religieux, il demanda à l’aumônier de son régiment la permission de fréquenter ma grand-mère. S’étant informé des circonstances, celui-ci donna son approbation. Mon grand-père a d’abord été très généreux en reconnaissant mon père (ce n’était pas rien à l’époque), puis en apportant de la nourriture et en vendant ses cigarettes pour aider la famille de ma grand-mère à vivre.

Lorsqu’il avait dû quitter la Pologne au déclenchement de la guerre, mon grand-père était déjà marié et père d’un garçon prénommé Krzysztof. La situation était si dure en Pologne qu’il pensait qu’ils étaient morts.

Après son long séjour en Romagne, et seulement quelques mois après la naissance de mon père, Zdzisław fut envoyé en Angleterre. Ma grand-mère et mon père devaient partir avec lui mais mon arrière-grand-mère estimait que le voyage était trop risqué pour un bébé et ils restèrent.

Lina, la grand-mère de Nicoletta, avec son petit frère et un cousin. Photo colorisée et améliorée par MyHeritage.

Un grand-père polonais perdu de vue

Zdzisław écrivit pendant sept mois puis plus rien.. Des années plus tard, son supérieur, un offcier polonais qui était resté vivre en Italie avoua à ma grand-mère qu’il avait par erreur dit à Zdzislaw qu’elle avait épousé un autre homme. Il l’avait en fait confondue avec una autre italienne qui avait elle aussi eu un enfant avec un soldat polonais et qui s’était finalement marié avec un italien.

Beaucoup de ces soldats polonais ne purent retourner dans leur pays, alors sous domination soviétique mais mon grand-père y parvint. Il réussit à revenir à Varsovie après huit ans d’absence à cause de la guerre et retrouva finalement sa femme et son fils. La famille s’agrandit en 1949 avec l’arrivée d’une fille, Renata.

Mon père a donc grandi avec sa mère et sa grand-mère, sans avoir jamais connu son père. En 1970, après des recherches auprès du consulat polonais, mon père avait appris que son père était décédé en 1963. Il avait demandé à l’ancien supérieur de mon grand-père (celui-là même qui avait par erreur appris à Zdzislaw que Lina s’était mariée) d’envoyer une lettre à Varsovie. Son frère Krzysztof avait répondu et mon père décida de se rendre sur place sans tarder, mais il apprit que ma mère était enceinte – de moi – et il reporta son projet. Le contact et la trace à peine retrouvés se perdirent.

Les années sont passées – presque cinquante ans – et un jour ma fille a préparé un exposé généalogique pour l’école. Mon père a émis le souhait de renouer contact avec la Pologne. Nous connaissions le nom de mon grand-père mais également celui de ses parents. J’ai fait une recherche sur internet avec ces noms. Une publicité de MyHeritage est apparue et je me suis inscrite. Sur le site de MyHeritage, j’ai eu aussitôt un Smart Match avec un arbre généalogique polonais qui contenait ses noms que je cherchais.

Le nom Wojciechowski est très répandu en Pologne, mais le fait que le nom de mon grand-père apparaissait avec celui de mes arrière-grand-parents confirmait qu’il s’agissait bien de lui.

Réunis tous les 3 pour la première fois, Giovanni, Renata et Krzysztof sur la tombe de leur père en mai 2022

La trace de Zdzisław retrouvée dans un arbre généalogique

J’ai contacté le propriétaire de l’arbre, Tomek, par l’intermédiaire de la messagerie interne de MyHeritage et lorsqu’il m’a répondu, nous avons pu établir notre lien de parenté. Il est l’arrière-petit-fils d’un frère de mon grand-père. Mon grand-oncle Marian a été déporté à Auschwitz où il mourut en 1941. Tomek et sa famille ignoraient complètement l’existence de notre branche italienne. »

Wojtek, le frère de Tomek, raconte : « C’était en fait l’idée de Tomek de créer un compte MyHeritage. Il est le propriétaire officiel et je suis un administrateur supplémentaire. Auparavant, j’avais des données que j’avais recueillies auprès de nos grands-parents dans mon enfance, même si je n’avais jamais fait de recherches plus approfondies. La raison directe de la création du compte était que Tomek voulait stocker non seulement des données de base comme les noms, les dates de naissance et les relations généalogiques, mais aussi les événements de la vie de nos proches qu’il trouvait très intéressants. Comme l’arbre avait été établi, j’ai ajouté toutes les dates que j’avais de mes grands-parents, puis j’ai continué à surveiller les Smart Matchs qui ont commencé à apparaître. En fait, j’ai été surpris par leur nombre. Celui de Nicoletta n’était pas le premier mais jusqu’à présent le seul qui a donné lieu à un contact personnel. J’ai été un peu surpris par le fait de l’existence de la mystérieuse petite-fille de Zdzisław, le frère de notre arrière-grand-père. J’en ai parlé à Tomek et à notre père le lendemain. Notre père semblait un peu plus surpris que moi mais sa réaction a été très positive. L’étape suivante consistait à le dire à notre grand-mère. Tomek et moi lui avons rendu visite trois jours plus tard. Il s’est avéré qu’elle ne connaissait pas non plus l’existence de la famille italienne. Comme elle aimait beaucoup son oncle, j’étais un peu inquiet de sa réaction en révélant ce fait inconnu de sa vie. Cependant, sa réaction a également été plutôt positive. Entre-temps, Nicoletta avait posté la photo de Zdzisław sur MyHeritage et notre grand-mère l’a reconnu immédiatement.Il s’agissait bien de la même personne ; Wojciechowski est l’un des 20 noms de famille polonais les plus courants, il se pouvait donc qu’il y ait eu plus d’un Zdzisiałw Wojciechowski en Italie en 1945. »

La première rencontre au consulat polonais à Milan

Nicoletta continue : « Le hasard a voulu qu’au même moment les parents de Tomek et Wojtek qui s’appellent Wojciech (version formelle du prénom Wojtek) et Barbara étaient en vacances à Milan. Nous avons échangé nos numéros de téléphone et avons décidé de nous rencontrer au consulat polonais de Milan. C’était un beau jour d’un mois de mai. Le mois de mai est un mois de prédilection dans ma famille !

De là, ils ont prévenu les familles de Krzysztof et de Renata que nous voulions faire leur connaissance. Nous avons d’abord rencontré Renata, qui vit dans le Sud de la France. Nous avons retrouvé les parents de Wojtek et Tomek, qui avaient eux-mêmes fait le voyage.

Deuxième rencontre en France où vit Renata

Les retrouvailles des 3 enfants de Zdzisław

C’était juste avant la pandémie et nous avons dû alors repousser le voyage en Pologne. C’est en avril dernier que nous sommes partis à Varsovie et que nous avons enfin rencontré Krzysztof. Malgré la guerre en Ukraine si proche, j’avais décidé de ne pas attendre davantage. Renata s’est aussi déplacée. Mon père a pu se rendre sur la tombe de son père, avec son frère et sa sœur. Nous sommes partis à trois, mon père, mon fils et moi (ma fille préparait un examen et ne put se joindre à nous).