Une utilisatrice de MyHeritage trouve la famille des sœurs que son arrière-grand-père sauva des nazis

Récemment, notre équipe de Recherche a découvert l’histoire extraordinaire de Karolina Jurzky, une utilisatrice polonaise. Le grand-père de Karolina lui avait dit que son père avait sauvé deux sœurs des nazis. Après avoir vu les lettres que ces sœurs avaient envoyées à son arrière-grand-père, Karolina décida de faire des recherches pour savoir ce qu’elles étaient devenues. En utilisant MyHeritage, elle a pu retrouver et contacter leurs descendants. Cette histoire a été récemment publiée sur CNN et a attiré l’attention internationale.

Le grand-père de Karolina, qui avait environ 12 ans pendant la guerre, raconte que son père, Stanislaw Jurzyk, était dans les champs près de sa maison lorsqu’il trouva deux sœurs blessées et ensanglantées. Il les amena chez lui et comprit vite qu’elles étaient juives. Les sœurs lui apprirent que leurs parents avaient été tués et qu’elles avaient parcouru un long chemin à la recherche d’un abri. Stanislaw, risquant sa vie, les cacha dans sa maison pendant 2 ans.

C’était une histoire incroyable… mais qui s’arrêtait là. Il y a deux ans, le grand-père de Karolina lui montra les lettres que les sœurs avaient écrites à son père. Elles étaient restés intactes dans un tiroir pendant des années. La preuve concrète de l’acte courageux de bonté de l’arrière-grand-père de Karolina.

‘Nous n’oublierons jamais’

Une des lettres et l’enveloppe adressée en 1948 à Stanislaw Jurzyk par les sœurs qu’il a sauvées

« Vous serez surpris de recevoir cette lettre », commence la première. « La lettre est écrite par Fela et Jadwiga Kejzman de Varsovie, qui vous sont reconnaissantes. Beaucoup de temps s’est écoulé depuis le jour où nous vous avons dit au revoir. Cependant, nous ne vous avons pas exprimé nos remerciements sincères pour tout le bien que vous nous avez fait. Nous n’oublierons jamais cet acte noble d’avoir sauver nos vies, et tout ce que vous avez fait pour nous reste profondément gravé dans notre mémoire ; il est difficile d’exprimer dans une lettre la plus profonde gratitude et l’attachement que nous éprouvons pour vous. Nous savons à quel point vous étiez en danger à cause de nos insignifiantes personnes. Nous vous admirons pour avoir accompli l’acte de sauver des vies humaines, car il y avait si peu de peronnes nobles prêtes à se sacrifier pour nous les Juifs qui avons tant souffert. Dieu merci, nous sommes vivantes et nous avons laissé derrière nous ces terribles expériences et souffrances. »

Les sœurs poursuivent en expliquant qu’elles étaient alors en Allemagne et qu’elles s’étaient toutes les deux mariées. Elles demandaient la pointure de Stanislow, car elles voulaient lui envoyer une paire de chaussures, et posaient des questions sur sa famille et sa ferme. « Nous sommes vivement intéressées et voulons tout savoir », avaient-elles écrit. « Veuillez accepter nos salutations les plus sincères et nos meilleurs vœux. » La lettre était signée Fela et Jadwiga Kedjzman.

En janvier 2021, Karolina et son père décidèrent de chercher. Les lettres étaient très anciennes et l’écriture manuscrite et le langage archaïque les rendaient difficiles à lire et à comprendre, mais les noms des sœurs étaient suffisamment clairs. Karolina voulait rechercher ces femmes et découvrir ce qui leur est arrivé après qu’elles aient perdu contact avec son arrière-grand-père.

L’tilisatrice de MyHeritage Karolina Jurzyk

Karolina a recherché les noms sur MyHeritage… et là, dans un arbre généalogique de MyHeritage appartenant à une certaine Karen Norman originaire de New York, se trouvait deux sœurs correspondant à leurs noms, âges et origines.

Karolina contacta Karen et eut la confirmation : elle venait de retrouver la petite-fille d’une des sœurs que son arrière-grand-père avait sauvées.

L’utilisatrice de MyHeritage Karen Norman, de New York

« J’avais les larmes aux yeux, j’étais tellement contente d’apprendre qu’elles avaient survécu », a déclaré Karolina à CNN.

La seule façon de survivre

« Je m’étais inscrite sur MyHeritage parce que nous ne savions tout simplement pas ce qui est arrivé à qui que ce soit », explique Karen. La grand-mère de Karen, Fela, et sa grand-tante Jadwiga parlaient rarement de ce qu’elles avaient vécu pendant la guerre, mais l’un des rares détails qu’elles avaient mentionnés était qu’un homme les avait sauvées en Pologne. Il semblait qu’elles avaient perdu contact avec lui et le cherchaient depuis des années. En fait, elles avaient même une photo de lui.

Photo de Stanislaw Jurzyk conservée par les sœurs qu’il a sauvées. Image de droite colorisée et améliorée sur MyHeritage.

« La seule chose que je savais, c’est que quelqu’un les avaient sauvées, en les cachant dans sa maison. Quant au reste de la guerre, nous ne savons pas où elles étaient », dit Karen. « Je sais qu’elles se sont retrouvées à Bamberg, en Allemagne, avant de quitter l’Europe. Je sais que mes grands-parents se sont rencontrés dans une ville appelée Lukow, d’où est originaire mon grand-père, et qu’après leur mariage, ils ont dû se cacher, probablement parce que mon grand-père était un partisan.

« Le problème, c’est que ma mère et ma tante ne voulaient pas beaucoup parler de la guerre », explique Morris, le père de Karen. « Mon père, Hejnoch, laissait parfois échapper des détails ici et là, mais sinon, il n’en parlait pas. Parfois, quand je m’asseyais avec eux et que j’insistais, l’un d’eux me donnait des bouts de l’histoire, mais pas toute l’histoire.

« Il y avait des choses qu’ils ne voulaient pas que les gens sachent , dit Karen. Beaucoup de gens ont menti parce que c’était le seul moyen de survivre. C’était aussi une façon d’oublier. »

Morris raconte l’histoire qu’il a réussi à reconstituer : « D’après ce que je sais, le jeune couple qui les a accueillies était des gens biens. Ils leur apportaient de la nourriture et tout ce qu’ils pouvaient. Je ne sais pas exactement comment ma mère et ma tante se sont retrouvées dans cette ferme, mais je sais qu’elles ont vécu à l’étage dans le grenier pendant plusieurs années, comme Anne Frank. La nuit, elles sortaient du grenier pour se rendre dans les champs de la ferme et volaient du maïs et des pommes de terre et faisaient tout ce qu’elles avaient à faire et revenaient.

« C’était une situation très stressante, poursuit-il, car les sauveteurs avaient peur que les Allemands ou d’autres Polonais ne les découvrent. Beaucoup de Polonais n’étaient pas bien disposés envers les Juifs, mais il y avait aussi des catholiques qui sympathisaient avec leur sort et essayaient d’aider du mieux qu’ils pouvaient, comme ceux qui ont sauvé ma mère et ma tante. Ils ont risqué leur vie, car s’ils avaient été attrapés, ils auraient été tués par les Allemands à coup sûr.

« Les voisins ne le savaient même pas, car les sauveteurs ont gardé le secret. Personne ne savait qu’elles se cachaient à l’étage. Si quelqu’un l’avait su, il l’aurait dit aux Allemands et aurait obtenu une récompense pour avoir dénoncé le couple.

Morris ajoute que sa mère et sa tante n’avaient pas d’argent et étaient trop jeunes pour travailler, il n’y avait pas d’arrangement financier entre elles.

« Je sais que Jadwiga et Fela ont été arrêtées quelque part en Europe », déclare Karen. « Elles n’étaient pas des partisanes, mais elles travaillaient avec les partisans. »

(Registre des survivants juifs ; liste des juifs de Pologne 1945, archives Arolsen)

« On peut dire qu’elles ont dû faire des choses extraordinaires pour survivre », conclut Karen.

Jadwiga Kejzman, la grand-mère de Karen (Image de droite améliorée et colorisée sur MyHeritage)

Felicja (Fela Faiga) Kejzman, la sœur de Jadwiga et la grand-tante de Karen (Image de droite améliorée et colorisée sur MyHeritage)

« Parfois, je pense à ma mère et à ma tante », dit Morris. « Oui, c’étaient des survivantes, elles étaient incroyables… mais néanmoins, c’étaient d’ abord deux jeunes filles sans éducation dont la vie entière a été détruite à cause de la guerre. »

Malheureusement, les sœurs ne sont plus là pour profiter de la nouvelle connexion avec la famille qui les a sauvées. La grand-tante de Karen, Fela, avec qui Karen était très proche, est décédée récemment à l’âge de 103 ans. Karen pense que c’est à cause de la solitude qu’elle a vécue à la suite des restrictions dues à la pandémie. « Elle a été opérée du coeur et elle allait bien, puis elle est retournée dans sa maison de retraite. À cause de la COVID, elle ne pouvait pas socialiser. Elle n’avait pas le droit de parler aux gens et elle ne pouvait tout simplement pas vivre de cette façon. »

Karolina a vécu une expérience tragique similaire avec son grand-père : il souffrait de démence et lorsqu’un jour il est tombé, il s’est blessé à la tête et décéda peu après. Ce fut un coup dur pour Karolina et pour son père, qui lui était très proche. Mais au moins, ils ont eu le temps de partager avec lui ce qu’ils avaient trouvé.

« Mon grand-père est devenu très ému », a déclaré Karolina à CNN. « Quelque part au fond de lui, il savait qu’elles allaient bien. »

Les deux familles sont liées pour l’éternité par un acte de courage accompli il y a quatre-vingts ans.