J-N me transmet le lien de ton site .félicitations pour ce travail
J’y puiserai des renseignements interessants .comme le livret que tu nous a remis gentiment cet été , affectueusement à toi ,
Grande Guerre : le carnet d’Emile Pons
- De Elisabeth


Dans le cadre de notre rubrique sur la Grande Guerre, voici aujourd’hui le témoignage d’un membre de MyHeritage, Frédéric Pons, sur son arrière-grand-père Emile Pons. Hommage d’un arrière-petit-fils à un soldat de la Première Guerre mondiale.
Pouvez-vous commencer par quelques lignes de biographie sur vous-même puis sur votre arrière-grand-père ?
Je m’appelle Frédéric Pons, j’ai 41 ans et je m’intéresse à la généalogie depuis mon adolescence, après avoir vu un immense arbre réalisé à l’encre de chine sur lequel j’étais une toute petite feuille.
À cette époque, mes recherches n’allèrent pas plus loin que les connaissances familiales. J’ai repris mes travaux vers 2010 grâce à la mise en ligne des registres paroissiaux et de l’état civil.
J’ai très peu connu mon arrière-grand-père, Émile Pons, car je n’avais que trois ans lorsqu’il est décédé en 1976.
Il était le dernier enfant d’une famille d’un petit hameau des Hautes-Alpes, Villard Meyer, commune de Saint-Martin-de-Queyrières près de Briançon. Son père décède alors qu’il n’a que quatre ans.
Lorsqu’au collège j’avais étudié la première guerre mondiale, je me rappelle avoir demandé des renseignements à mes parents sur leurs grands-parents. Mon père se souvenait que son grand-père était dans le Génie. Il m’expliqua que le Génie militaire travaillait sur les routes, les ponts… Je m’étais alors dit que son grand-père avait eu la chance de ne pas être en première ligne.
Pouvez-vous décrire le carnet de votre arrière-grand-père et son histoire ?
Il y a un peu moins d’une vingtaine d’années, la tante de mon père, lui donne ce carnet qu’elle avait retrouvé. Personne n’était au courant de son existence.
A la fin du carnet, on comprend qu’Émile envoie ses notes à son frère Joseph. Nous ignorons comment cet envoi est parvenu à son destinataire malgré la censure.
C’est un petit carnet d’une centaine de pages qui commence par une adresse où envoyer le carnet « en cas de mort ».
Mon père le photocopia et distribua des exemplaires à la famille.
A cette époque je ne dépassai pas les premières pages devant les difficultés à déchiffrer l’écriture.
Vers le début 2013, en entendant parler des commémorations du centenaire de la Grande Guerre, j’ai ressorti le carnet et cet avertissement en première page m’interpella.
Avez-vous rencontré des difficultés particulières pour le lire ?
Le carnet était bien conservé mais écrit au crayon à papier, et malheureusement, je ne disposais plus de l’original mais seulement des photocopies.
Finalement ce ne fut pas si difficile à lire, j’avais sans doute progressé en lisant souvent des actes d’état civil où je m’étais habitué à ce type d’écriture. Il fallait néanmoins déchiffrer les noms de lieux et les noms propres.
Le texte d’Émile raconte son quotidien, les déplacements de la compagnie, les travaux effectués et malheureusement la perte de camarades. Il ponctue son récit de petites réflexions et de commentaires personnels.
Quelles sont les informations que vous avez découvertes dans son registre matricule ?
En lisant le carnet, j’avais compris qu’Émile était sergent et après quelques recherches sur internet j’avais identifié sa compagnie (4ème Génie 14/5). Lorsque j’ai reçu sa fiche matricule, la plus grande surprise fut d’apprendre qu’il s’était engagé volontairement à 18 ans pour trois ans.
J’appris également qu’à partir d’avril 1917, et jusqu’à la fin de la guerre, il fut envoyé par l’armée dans l’Isère à Saint-Didier-de-la-Tour pour prendre en charge l’exploitation d’une mine. Cela a été confirmé par des notes laissées par mon grand-père qui se souvenait que les gens appelaient son père « Monsieur l’ingénieur ».
Où avez-vous poursuivi vos recherches ?
Une fois l’unité confirmée par la fiche matricule, je suis allé lire le Journal des Marches et Opérations (JMO) de la compagnie sur le site Mémoires des Hommes. Le carnet s’arrête en janvier 1915. Ce qui m’intéressait, c’était de savoir ce qui s’était passé après. En lisant le journal de l’unité je retrouvai des faits racontés par Émile, notamment les noms des soldats décédés.
Au cours de vos recherches avez-vous trouvé des traces d’autres membres de sa famille ?
Je savais que le jeune frère de mon arrière-grand-mère, beau-frère d’Émile, avait à peine 17 ans au début de la guerre et qu’il y avait été blessé.
En discutant avec certains membres de ma famille, ils se rappelèrent des anecdotes sur d’autres personnes de la famille.
Émile avait trois frères plus âgés que lui et ils furent appelés dans l’armée territoriale. Par contre plusieurs oncles et cousins de mon arrière-grand-mère, originaires du village d’Aiguilles (Hautes-Alpes), ont été sur le front. L’un d’eux y a même fait de la photographie aérienne.
À l’aide des fiches matricules je retrouvai leurs unités et en cherchant dans les archives familiales je finissais également par trouver quelques photos.
Aujourd’hui je poursuis mes recherches sur mes arrière-grands-pères du côté maternel. Pour l’un originaire de la Sarthe, je sais qu’il était brancardier. Pour l’autre, les recherches sont plus difficiles car il était Lorrain et était dans l’armée allemande en Russie.
Parlez-nous du livre que vous avez écrit à ce sujet
Une fois ce travail achevé, je voulais le partager avec le reste de ma famille. Après avoir retranscrit le carnet, j’y ajoutai le fruit de mes recherches.
Je me suis dit que ce serait bien d’en faire un livre pour mieux garder la trace de ce témoignage. J’ai donc fait imprimer une cinquantaine d’exemplaires pour les distribuer à toute la famille cet été. J’ai bouclé la boucle en en donnant un à ma grand-tante Josette, 94 ans. Elle était très émue en voyant la photo de son père sur la couverture.
Pourquoi avez-vous décidé d’ouvrir un blog ?
Au début l’idée du blog (carnetemilepons.blogspot.fr) était plus symbolique. Il s’agissait de publier les écrits d’Émile avec cent ans d’écart. Mais plus mon projet et mes recherches avançaient, plus l’envie de partager cette histoire me tenait à cœur.
Aux textes du carnet, j’ai ajouté les entrées correspondantes provenant du JMO afin de compléter le récit. J’en profiterai également pour ajouter d’autres informations ou documents trouvés depuis le tirage du livre.
Lire ce récit écrit par quelqu’un de ma famille, que j’ai eu la chance de connaître, a rendu ce conflit moins abstrait. Ce sentiment était partagé par mes cousins, surtout les plus jeunes qui n’ont pas connu Émile.
Marianne BRUNNARIUS (PONS)
26 octobre 2014
Merci Frédéric (mon grand-frère) d’avoir fait ce livre qui m’a ouvert les yeux sur la réalité des conflits de 1914-1918, et m’a permis de côtoyer Emile, mon arrière grand-père, que moi je n’ai pas eu la chance de connaître. Grâce à toi le devoir de mémoire se poursuit et pourrait devenir contagieux…
Lecture très émouvante.