La quête de Gisèle O’Neill : sur les traces de son grand-père en Pennsylvanie

La quête de Gisèle O’Neill : sur les traces de son grand-père en Pennsylvanie

Aujourd’hui dans le cadre de notre série ‘Vos histoires’, ouverte aux membres de MyHeritage, nous vous emmenons au Québec, en passant par la Belgique et avec un détour par les États-Unis. Gisèle, belge de naissance, québécoise d’adoption, a entrepris une quête pour retrouver sa famille américaine. Une aventure qui s’est révélée riche en émotions. Voici son histoire.

Mon nom est Gisèle O’Neill mais je suis née Van Lautem. Je suis âgée de bientôt 64 ans. Je suis née en Belgique et j’ai émigré avec mes parents à Montréal, Québec, Canada en 1967. J’ai un fils, Patrick, et un petit-fils, Henry qui demeurent au Québec aussi. J’ai fait carrière dans les ressources humaines et je suis retraitée depuis 3 ans. J’ai également une sœur, Anne-Marie, qui demeure en Belgique. Elle ne nous a pas suivis au Canada car elle était déjà à l’époque mariée et mère de famille. Mon père, Louis Van Lautem, est né en Pennsylvanie (USA) en 1921, mais il a été élevé en Belgique, s’y est marié et y a vécu jusqu’en 1967. Il est décédé depuis déjà 17 ans, ainsi que ma mère il y a 3 ans. C’est ce qui m’a portée à m’intéresser à la généalogie.

En effet, lorsque Maman est décédée en février 2011, elle nous avait laissé ses « mémoires » dans lesquels elle décrivait l’histoire dans les derniers 100 ans de sa famille, mais aussi, partiellement, celle de Papa. En lisant et relisant ces histoires, je me suis rendu compte que j’avais de la difficulté à faire les liens entre toutes ces personnes et il y avait des trous importants, des informations et des dates manquants, surtout dans l’histoire de Papa. Ma sœur et moi disposions de plusieurs photos, des lettres, des faire-part de décès, des livrets de mariage; nos parents gardaient tout !  Alors, pour mettre un peu d’ordre dans tout ça, j’ai pensé à bâtir un arbre généalogique en suivant ligne par ligne les mémoires de Maman et en y insérant les informations retirées des documents. Ça a pris forme, mais il manquait encore beaucoup d’informations.

Nos parents

Nos parents

J’ai choisi MyHeritage un peu au hasard et je ne l’ai jamais regretté. Mais j’ai aussi dû joindre des groupes de généalogie, scruter les Archives de Belgique, celles de la Sécurité sociale des États-Unis, FamilySearch, et plusieurs autres sites. Je ne m’attendais pas à ce que cette recherche prenne autant d’ampleur, mais c’est tellement gratifiant ! J’ai commencé ma recherche par la Belgique puisque j’avais déjà beaucoup d’informations. J’ai pu retracer mon premier ancêtre, Erasmus, né environ en 1600 en Flandre Orientale, c’est une surprise puisque notre famille est essentiellement wallonne, de la région de Charleroi.

Notre grand-père Emile Van Lautem

Notre grand-père Emile Van Lautem

Mais il y avait toujours l’histoire des origines américaines de notre père qui nous embêtait, ma sœur et moi. Nous avons conjugué nos efforts, épluché tous les documents en notre possession et orienté notre recherche autrement. Nous savions que notre arrière-grand-père était décédé mais nous ignorions quand et où. Il y avait un deuxième mari, nommé Wauthier, mais nous ne savions pas si l’arrière-grand-mère l’avait épousé en Belgique ou aux États-Unis, ni quand. Nous avions des noms de Wauthier aux États-Unis, sur les lettres, mais nous ne savions pas qui ils étaient. Les archives belges nous ont apporté les réponses. L’arrière-grand-père Van Lautem est décédé en Belgique, l’arrière-grand-mère Zoé s’est remariée en Belgique et elle a eu, en plus de ses 2 enfants, 5 autres enfants avec son deuxième mari.  C’est ce couple qui, avec leurs 7 enfants, plus 1 enfant d’un premier mariage du père, a émigré aux États-Unis en 1904. Notre grand-père (né du premier mariage de Zoé) était du voyage. Il était mineur de charbon, comme son beau-père Wauthier, et ils se sont établis à Cecil en Pennsylvanie comme beaucoup de mineurs belges. Ils louaient une ferme, les femmes et enfants y travaillaient, et les garçons les plus vieux travaillaient dans les mines proches.

The Old House.  La vieille maison de la ferme que nos arrière-grands-parents ont exploitée de 1906 à ± 1925

The Old House. La vieille maison de la ferme que nos arrière-grands-parents ont exploitée de 1906 à ± 1925

Vint le moment où notre grand-père voulut se marier, mais il voulait une belge, francophone et malgré le bassin important de belges en Pennsylvanie, il a décidé de retourner en Belgique pour y trouver l’épouse de ses rêves. Puis est arrivée la Grande Guerre et le couple a dû attendre 1920 avant de rejoindre la famille aux États-Unis. J’ai donc trouvé 2 immigrations successives de mon grand-père.  Malheureusement, celui-ci est décédé du typhus en 1922. Papa n’avait que 8 mois, son frère 3 ans.  Ma grand-mère, qui ne parlait pas anglais, a décidé de retourner vivre chez ses parents en Belgique. Elle n’est jamais retournée aux États-Unis. Par contre, tout le reste de la famille était toujours là-bas et une correspondance s’est établie. Nous avons des lettres des années ’20, ’30, ’40, puis plus rien. Il semble bien que les 2 familles se soient perdues de vue.

Puis nous avons émigré au Canada et mon père a décidé de tenter de retrouver cette famille. Lui et Maman sont allés par 2 fois en Pennsylvanie. Ils ont retrouvé un des cousins de Papa, fils du demi-frère de son père, mais n’a jamais pu trouver la tombe de son père, qui lui tenait tant à cœur.  Une correspondance s’est établie entre eux, mais la dernière lettre date de quelques mois avant le décès de cet oncle, en 1984. Ma sœur et moi nous sommes lancées le défi de retrouver la tombe de notre grand-père pour Papa. J’ai eu la chance de tomber dessus via billiongraves.com et c’est alors que ma sœur m’a proposé d’aller nous-même la voir et la prendre en photo.

La tombe de notre grand-père, Émile Van Lautem, but initial de notre quête

La tombe de notre grand-père, Émile Van Lautem, but initial de notre quête

Mais comme je trouvais dommage d’avoir perdu cette famille de vue, j’ai imaginé que certains d’entre eux seraient peut-être encore dans la même région.  J’ai donc épluché les annuaires téléphoniques des petites villes autour de Cecil, et j’ai écrit et envoyé une copie du rapport MyHeritage à chacun des Wauthier que j’ai trouvé.  C’était fin décembre 2012.  Et en janvier 2013 j’ai reçu une lettre d’une cousine.  Elle était la fille aînée de la fille aînée du cousin que Papa avait retrouvé. Toute cette famille était très excitée par cette nouvelle, la plupart ignoraient que notre côté de la famille existait et tous étaient très curieux de leurs origines belges; elle avait été chargée par la famille de faire le lien avec nous. Elle a également fait des recherches sur place pour nous aider et finalement, en septembre 2013 ma sœur a fait le voyage de Belgique et, à deux nous nous sommes rendues en Pennsylvanie où on nous attendait les bras ouverts. Une réception avait été organisée, où il y avait 60 personnes, dont l’aînée de la famille, Alvina, qui avait 93 ans. Quel bonheur ! Nous n’avons pas retrouvé la maison, qui était en bois, mais nous avons retrouvé la mine (maintenant désaffectée) où notre grand-père travaillait. Ça a été une grande émotion.  Et bien sûr la tombe de notre grand-père, et celles d’une de ses sœurs, de notre arrière-grand-mère et son deuxième mari… Le défi était relevé.

Alvina

Alvina

Maintenant je poursuis une correspondance assidue avec ma cousine et d’autres aussi. Malheureusement Alvina est décédée au mois de février cette année, elle aurait eu 94 ans en mars. Mais nous sommes très heureuses d’avoir eu la chance inouïe de la rencontrer et d’échanger avec elle. Comme notre famille en Belgique est plutôt réduite, aujourd’hui quand ma sœur et moi parlons de « la famille », c’est de la famille américaine que nous parlons.

Les cousins... Barry Wauthier, moi et ma sœur Anne-Marie, et la cousine Janet Kosky (mon premier contact), photographiés sous le pont de chemin de fer qui figure sur une très vieille photo que nous avions, datant de 1920.

Les cousins... Barry Wauthier, moi et ma sœur Anne-Marie, et la cousine Janet Kosky (mon premier contact), photographiés sous le pont de chemin de fer qui figure sur une très vieille photo que nous avions, datant de 1920.

Devant les succès remportés, ma belle-mère m’a demandé de faire son arbre aussi, les 4 branches suivies nous ont réservé bien des surprises (une origine allemande au lieu d’Irlandaise entre autres), toute la famille ici nous a demandé des copies.  De sorte que j’ai maintenant plus de 2600 personnes dans mon arbre. Sans compter les arbres que j’ai créés pour aider des amis qui ne s’en sortaient pas. Grâce aux Smart Matches je me suis découverte des liens de cousinage en Europe, au Canada et aux États-Unis. Et lié des amitiés avec des cousins éloignés qui se sont joints à mon arbre.

Le pont de chemin de fer en 1920 : Jeanne Poskin et Zoé, notre grand-mère et notre arrière-grand-mère. Ma sœur et moi photographiées au même endroit, 93 ans plus tard.

Le pont de chemin de fer en 1920 : Jeanne Poskin et Zoé, notre grand-mère et notre arrière-grand-mère. Ma sœur et moi photographiées au même endroit, 93 ans plus tard.

Mes buts en commençant à m’intéresser à la généalogie sont amplement dépassés, mais je continue, espérant toujours trouver un détail, une date de plus. Chaque élément trouvé me donne un élan pour continuer. Des conseils à ceux qui débutent: patience, patience, patience. Et imagination : j’ai trouvé la lignée de la grand-mère de mon conjoint sous au moins 10 graphies différentes, car c’était un nom d’origine allemande, qui a beaucoup évolué avec le temps. Et soyez ouverts, attendez-vous à beaucoup de surprises et à quelques regrets, mais je vous promets que vous ne pourrez plus vous arrêter.  Aujourd’hui, c’est comme si j’avais une famille de 2600 personnes, et quand on me parle des années 1800, pour moi c’est contemporain, tellement je connais bien la vie de mes ancêtres qui ont vécu à cette époque.

Commentaires

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  • Anne Van Ruysel

    26 mars 2014

    Waouw! quelle magnifique histoire!

  • DECOSTER MICHELLE

    4 avril 2014

    BEAU téMOIGNAGE DE VIE A PARTIR DE LA BELGIQUE ET DU NOUVEAU MONDE QUI NOUS A PERMIS DE FAIRE CONNAISSANCE GRÂCE A MY HERITAGE.

  • martorana dominique

    18 avril 2014

    Bravo cher Madame quelle belle histoire .

    moi je suis au debut de m’ès recherche je prend exemple sur vous

    car ma patiance commence a s’èmousser .

    cordialement.

  • Carmen Forget

    18 avril 2014

    WOW! Votre histoire m’inspire beaucoup. Je suis moi aussi nouvellement retraitée. J’ai commencé ma généalogie il y a environ 15 ans à la bibliothèque à partir de copies de registre papier et j’ai une grande liste d’ancêtres. Je m’y remets maintenant pour découvrir leur histoire et agrandir ma généalogie. Bonjour du Québec.

  • Betty JADAUD

    18 avril 2014

    Une histoire superbe !!!

  • Patricia Desgranges

    25 avril 2014

    wow ! QUELLE BELLE AVENTURE BRAVO ……

  • Diane Dufour

    26 avril 2014

    Quelle belle histoire et recherche, je suis aussi une passionnée de généalogie, bravo, je trouve les photos très belles, merci

  • André Rombauts

    4 juillet 2015

    Très belle histoire…