Ce qui suit est la traduction d’un article publié dans le blog anglais de MyHeritage par Schelly Talalay Dardashti, conseillère en généalogie de MyHeritage pour les États-Unis.
Dans le cadre de notre initiative ‘Préservez vos photos de famille’, afin de protéger nos vieilles photos de famille et d’encourager les gens à en savoir davantage sur leur histoire familiale, nous avons vu de belles photos de famille et très bientôt le gagnant de notre concours gagnera une analyse photos. Il y a aussi des photos célèbres qui ont une histoire fascinante. Une des photos les plus emblématiques est celle représentant un groupe d’hommes assis sur une poutre de construction au 69ème étage dans le ciel de Manhattan.
MyHeritage a interviewé Seán Ó Cualáin, qui a réalisé le documentaire ‘Men at lunch’.
Sean, quand et comment avez-vous vu la photo ?
C’était en 2009 lorsque mon frère (Eamonn, le producteur du documentaire) et moi faisions des recherches pour un autre documentaire. Nous étions allés dans un pub à Galway, en Irlande pour notre pause déjeuner. Nous avons vu cette photo sur le mur et une note de Pat Glynn, le fils d’un émigrant local qui affirmait que son père et son oncle étaient sur la poutre.
Le propriétaire Michael Whelan nous a donné le numéro de Pat, et quelques jours après, nous avons parlé à Pat et à son cousin Patrick O’Shaughnessy, qui affirmaient que leurs pères sont deux des hommes sur la photo.
Nous avions prévu à l’origine de faire un film d’enquête sur la revendication des familles O’Shaughnessy et Glynn, et puis nous avons découvert qu’il n’y avait aucune information disponible sur les hommes ou sur le photographe.
Comment avez-vous cherché le photographe ?
Avant notre documentaire, la photographie était attribuée à Charles Ebbets, directeur photographique du Rockefeller Center lors de sa construction.
Au cours de nos recherches, nous avons découvert des photos prises le même jour que ‘Lunch atop a Skyscraper’ prises par d’autres photographes.
Aucune de ces photos n’est attribuée à Charles Ebbets, mais cela ne signifie pas qu’il n’a pas prise la photo du déjeuner.
Cependant, après la projection de notre film, l’auteur de la photographie est devenu « inconnu ».
Malheureusement, l’histoire de ce qui s’est passé au 69ème étage du Rockefeller Center ce jour de septembre 1932 reste un mystère.
Où et comment avez-vous trouvé le négatif sur verre ?
Dès que la photographie est apparue dans le supplément dominical du New York Herald Tribune le 2 octobre 1932, beaucoup ont pensé que c’était un faux.
Malheureusement, le doute sur son authenticité a toujours masqué la vraie valeur de l’image.
Durant notre recherche, nous avons interrogé Ken Johnston, de Corbis, sur l’authenticité de l’image.
À près de 600 km à l’ouest de New York, Iron Mountain, en Pennsylvanie, abrite la collection Corbis. Il y avait là un négatif sur verre que Corbis considérait, sans l’avoir jamais confirmé, comme l’original de ‘Lunch atop a Skyscraper’.
Pendant le tournage de notre documentaire, Ken Johnston a confirmé que le négatif sur verre est bien l’original, mettant fin à 80 ans de doute sur l’authenticité de la photo.
Est-il vrai que la photo était un coup médiatique pour le nouveau bâtiment ?
Oui, la photo était une opération de relations publiques, l’image provient d’une collection d’images prises lors de la construction du Rockefeller.
Il s’agit d’une mise en scène. Le photographe a rassemblé les hommes sur la poutre ; il voulait faire un grand coup pour faire de la publicité au Centre, et à terme, vendre les espaces de bureau.
N’oubliez pas que nous sommes à l’époque de la Grande Dépression. L’image devait capturer l’imagination du public, et aussi peut-être faire penser que le pire de la crise était passé.
Au cours de notre recherche, nous avons également découvert une image inédite avec les mêmes onze hommes qui regardaient directement la caméra.
Cette image suggère que l’une des photos les plus célèbres de New York n’était pas le fruit du hasard. C’était une mise en scène, mais ceci n’enlève rien à la puissance ou à l’authenticité de l’image. Les hommes de l’image sont des ouvriers du bâtiment qui étaient au 69ème étage ce jour-là pour travailler, pas pour poser pour un photographe.
La construction des gratte-ciel était une activité extrêmement dangereuse. En regardant la photo, on voit bien qu’aucun des hommes ne porte un harnais de sécurité. En moyenne, les promoteurs prévoyaient lors de la construction de ces bâtiments, tel l’Empire State Building, un ouvrier mort pour dix étages.
Pouvez-vous nous parler de la relation entre l’histoire et les photos qui capturent l’histoire sur le moment ?
Une photo peut seulement capturer un instant mais parfois ce moment capturé peut représenter un grand événement, que ce soit une guerre, une tragédie, un moment de triomphe ou de désespoir.
Cette image est celle de onze immigrés en train de déjeuner, mais c’est plus que cela, beaucoup plus que cela.
Parce que nous savons que c’est en pleine Grande Dépression, en raison de l’attitude désinvolte de ces hommes à cette hauteur, l’image est devenue une pièce d’art. Elle mêle l’essence de l’homme dans sa banalité et sa lutte pour avoir une vie meilleure.
En outre, la photo révèle aussi les limites de la photographie. La photo est très forte, mais nous ne savons rien des onze personnes qui y figurent.
Le film porte sur l’histoire inédite de cette image, sur le mystère de onze hommes sur une poutre et au-delà sur la lutte des immigrés.
Pour plus d’informations sur l’histoire de cette photo, rendez-vous sur le site du documentaire.
Claudine
27 août 2013
Je leur tire mon chapeau ! Rien qu’à regarder les photos, j’attrape le vertige, c’est fou !
Dormir sur la poutre, en plus !!!
Si on demandait de telles choses à l’époque actuelle, l’entreprise serait immédiatement en grève.
Jusqu’à l’âge travaillaient t’ils ?
Bravo à eux !