Témoignage : Hommage à la génération sacrifiée de la Grande Guerre

Francis Bréant, 69 ans, retraité de la publicité et résidant en région parisienne, travaille sur sa généalogie depuis plusieurs décennies. Parmi les quelques belles photos de famille anciennes en blanc et noir qu’il possède, il y avait celle d’un bel hussard inconnu jusqu’à ce que Photo Tagger, une des fonctionnalités photo de MyHeritage lève le voile sur le mystère de son identité.
Ce billet est un hommage à la génération sacrifiée de la Grande Guerre.

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Francis Bréant

J’ai commencé mes recherches dans les années 80, époque où il fallait courir les mairies pour consulter les Archives. Si du côté paternel mes ancêtres sont tous regroupés dans le Vexin, du côté maternel ils sont éparpillés entre les Côtes d’Armor et la Saône-et-Loire ! J’ai repris ces recherches depuis deux ans en ouvrant un compte sur MyHeritage et les résultats se sont accélérés. Mon père m’a très peu parlé de sa famille et c’est avec l’aide de MyHeritage que j’ai découvert un oncle et deux tantes.

Une génération sacrifiée

Ce pouvait-il que cet oncle, Marcel Marius Bréant, soit le hussard non identifié ? Né à Parnes, dans l’Oise en 1896, il était charretier dans sa commune. Mobilisé en avril 1915, à l’âge de 19 ans, il est affecté au 115ème régiment d’infanterie.

Le 18 juillet 1916, il est tombé au fort de Froideterre près de Verdun. Il eut “la chance” d’avoir une sépulture à l’Ossuaire de Douaumont alors que nombre de soldats ont été portés disparus ou non identifiés. Il a été décoré à titre posthume de la Croix de guerre avec étoile de bronze. J’ai retrouvé sa tombe; un moment émouvant.

Son frère aîné, Henri, né en avril 1889 à Hadancourt-le-Haut-Clocher près de Parnes, dans l’Oise, est mon grand-père. Je ne le connaissais que par une photo en uniforme de la guerre de 14-18.

Incorporé en 1914 dans l’artillerie, il est conducteur d’attelage. Il est revenu vivant de la guerre, vivant mais sûrement très marqué par ce calvaire. A son fils, mon père, il a donné le prénom de son frère tué au front, Marcel.
Henri est mort le 1er février pendant le terrible hiver 54, un mois avant ma naissance. Endormi dans sa cabane de jardin après une dispute avec ma grand-mère, il ne s’est pas réveillé.

Les sœurs Henriette et Hélène ont aussi souffert de la guerre

Les deux tantes de mon père ont eu leur lot de malheur elles aussi. Mari disparu sur le front de la Somme pour l’une, mari mort de ses blessures quelques années la guerre pour l’autre.

Henriette se marie à 19 ans, en juin 1910, avec Louis Moreau, un ouvrier agricole de 24 ans. Ils ont deux enfants avant que Louis, incorporé au 3ème régiment du Génie malgré une atrophie à une jambe, soit grièvement blessé le 21 juin 1915 dans les Hauts de Meuse et passe d’un hôpital à l’autre jusqu’en 1919.
Paralysé de tout le côté gauche, aveugle, il est de plus atteint d’une tumeur au cerveau. Il meurt en 1923 à Nanterre après une ultime opération chirurgicale.

Quant à Hélène, elle a 17 ans lorsqu’elle se marie en octobre 1910 avec Benoni Jules Stoppe, cordonnier de métier. Leur fille Georgette naît en 1911.
Benoni sera incorporé dans l’infanterie en 1907 comme soldat cordonnier jusqu’en 1909.
En août 1914 il est mobilisé dans le 274ème d’infanterie.
Il est certifié tué à Neuville-Saint-Vaast dans le Pas-de-Calais et porté disparu, en octobre 1915.

Voilà le destin de cette fratrie : un mort, un survivant, un rescapé grièvement blessé, un disparu. Génération sacrifiée que celle de mes grands-parents.

iI serait d’ailleurs injuste d’oublier mon grand-père maternel, Joseph Marie Frégat, né à Plouha dans les Côtes d’Armor. Marin pêcheur, il est pourtant déclaré inapte à la navigation par le conseil de Brest et sera muté à l’équipage de la Flotte à terre. En août 1914, à l’âge de 34 ans, il est versé dans l’infanterie et sera intoxiqué au gaz le 24 août 1918 en Champagne. Il a reçu la Croix de Guerre avec Étoile de bronze.

Le bel hussard identifié par PhotoTagger

Enfin il y a cette vieille photo d’un soldat inconnu en uniforme de Hussard. Pour restaurer cette photo je l’ai importée dans MyHeritage.

Et là c’est MyHeritage, avec l’outil Photo Tagger qui me signale une ressemblance avec mon grand-père Henri. Et après les avoir observés attentivement, c’est une évidence ! C’est bien lui pendant son service militaire, quelques années avant la guerre. La différence d’uniformes me paraissait incompatible avec la même personne alors que les traits du visage sont vraiment ressemblants.
Ainsi, mon grand-père Henri a fait ses classes dans le 12ème régiment de Hussards en 1909, et rappelé en 1914, il s’est retrouvé conducteur d’attelage dans l’artillerie.

Toutes ces découvertes sont un vrai bonheur.