Bonsoir
Je suis une descendante du côté de votre mari. Mon oncle s’est lui aussi lancé avec succès dans la recherche généalogique. Si vous êtes intéressée, vous pouvez me contacter. Bien cordialement.
VD.
Dans le cadre de notre rubrique consacrée aux acteurs de la généalogie, j’ai eu le plaisir de rencontrer il y a quelques semaines la généalogiste Anne Dardaud, dans son bureau du 13e arrondissement à Paris.
Autrefois rédactrice juridique, elle a choisi la voie de la généalogie il y a presque trois ans. Souriante, vive et passionnée, elle parle de la généalogie et de son histoire familiale avec la même verve qui transparaît dans le blog de son site Mémoire vive.
Comment êtes-vous devenue généalogiste ?
Juriste de formation, j’étais arrivée à un moment de ma vie où j’en avais assez du droit. Cela n’avait jamais été une vocation, et je me suis dit que le moment était arrivé de faire quelque chose qui me plaise. J’avais déjà fait des recherches pour mon mari et je m’étais vraiment prise au jeu. Je me suis renseignée et j’ai cherché une formation, pour me sentir légitime. Une formation n’est pas indispensable mais moi à l’époque j’en avais besoin, notamment pour connaître les bases, connaître le fonctionnement des archives, leur contenu, etc. Cela m’a permis de confronter mon idée de la généalogie à la réalité.
Puis j’ai fait faire mon site Internet comme on monterait sa boutique, en élargissant mes prestations au travail de la mémoire, aux histoires de famille. Pour moi il est très important de pouvoir transmettre. Faire de la généalogie pour seulement savoir qu’au XVIIe siècle on a tel ancêtre laboureur à tel endroit n’est pas suffisant, ce qui m’intéresse ce sont les histoires de famille. La grande histoire également vue à hauteur des hommes, l’impact que l’histoire a eu sur les familles.
Quelles sont vos origines familiales ?
Du côté de ma grand-mère paternelle, les racines se situent essentiellement dans le Morvan, en Bourgogne, dans la Nièvre, en Saône-et-Loire et en Côte d’Or. Du côté de mon grand-père paternel, les racines sont dans le Lauragais (Aude et Haute-Garonne). Mon grand-père était militaire de carrière, il a franchi la Loire et a rencontré ma grand-mère.
Du côté de ma mère, la famille se répartit sur la Corrèze et la Dordogne. Des paysans pour la plupart, au fort enracinement terrien.
Toutes mes racines sont françaises, principalement issues du terroir et plutôt modestes. Il y a une branche plus aisée, avec des commerçants, des médecins et une autre attachée au service de l’Etat. J’avais toujours entendu dire que nous avions quelque part des origines russes, qu’une branche de la famille qui s’appellerait Rasse venait de Russie. Je suis remontée assez loin mais pour l’instant je n’ai rien trouvé. Je ne désespère pas.
Comment est né votre intérêt pour la généalogie ?
Tout a commencé avec mon mari devant la tombe de ses grands-parents paternels un jour de la Toussaint. Ces derniers étaient tous deux orphelins mais mon mari ne savait rien de précis. Il a appelé son père qui n’en savait pas beaucoup plus. On a voulu apporter des réponses ; on a écrit aux mairies. On a remonté toute sa branche et on a retrouvé un ancêtre qui s’appelait Léonard Dardaud comme notre fils. On avait choisi ce prénom parce qu’il nous plaisait et cela nous a troublé. Chacun y voit ce qu’il y veut, moi j’aime à penser qu’il n’y a pas de hasard.
Puis on a raconté l’histoire de la famille aux uns et aux autres et on s’est retrouvé dans ce rôle de passeur. Il y avait des choses qui n’étaient pas faciles, mais on a apporté de la lumière sans porter de jugement. Il s’agissait de remettre les personnes à leur juste place, c’est ce qui m’a interpellé.
La généalogie c’est de pouvoir rendre à chaque personne ses dates de naissance, de mariage et de décès, afin de les situer dans le temps et dans l’espace. Il s’agit de les poser dans l’histoire, de les remettre dans leur contexte, dans leur village. Les mettre en 3D, leur redonner corps. Ils ont été enfants, ils ont grandi, ils se sont mariés, ont engendré des enfants… On a découvert une sœur d’un aïeul dont personne ne connaissait l’existence. Elle était devenue nonne et par conséquent n’avait pas eu d’enfant. C’est bouleversant de pouvoir redonner à chacun sa place au sein de sa famille. Chaque vie compte.
Dans ma famille, un cousin avait déjà dressé un arbre du côté de ma grand-mère paternelle, dans le Morvan. L’histoire de la famille y est extrêmement présente, on s’y retrouve tous les étés. Les fantômes sont là, ils sont convoqués à chaque réunion de famille. J’ai repris l’arbre et j’ai tout mis à plat, et de façon méthodique j’ai retrouvé tous les documents. Du côté de mon père, il y a beaucoup de photos, certaines très anciennes dont une qui date de 1860 environ, avec une belle pyramide dont le père de la grand-mère de ma grand-mère et sa mère, née avant la Révolution. Ça donne le vertige et la photo est superbe.
Quel est l’origine de votre nom de famille ?
Mon nom de famille est Jourda. D’après ce que je sais, ça vient du sud-ouest de la France. Il y a un lieu-dit appelé Jourda, et un autre Jourdanie près d’Agen. Il semblerait que ce le nom viendrait de personnes qui étaient allées sur le Jourdain.
Le nom de mon mari Dardaud est un nom qui vient du Limousin. Beaucoup de noms avec la terminaison -aud sont originaires de cette région. Elle correspond au wood anglais qui signifie le bois.
Quelle est la découverte la plus intéressante que vous avez faite sur votre famille ?
Le fait qu’on ait choisi un prénom pour notre fils et s’apercevoir que 7 générations avant lui il y avait eu un Léonard Dardaud. C’était une très jolie découverte.
Du côté de mon père, ce fut la découverte du grand-père de mon grand-père, paysan du Lauragais, qui avait été conscrit et était parti au Mexique avec Napoléon III. Plus tard, son fils, mon arrière-grand-père, conscrit à son tour, partit au Tonkin. Son autre fils est parti quant à lui à Madagascar, mais est décédé là-bas. Mon grand-père est devenu militaire de carrière, il a été prisonnier pendant la Seconde Guerre mondiale. Mon père a été appelé et envoyé en Algérie. L’emprise de l’histoire sur ces individus, sur leur parcours personnel, ce cycle qui contient colonisation et décolonisation, cela m’impressionne et me touche.
Et enfin, pour ne pas oublier les femmes, une prise de conscience plus qu’une découverte : mon arrière-grand-mère, paysanne qui a élevé huit enfants. A part un enfant mort en bas âge, ils ont tous dépassé les 90 ans. Elle a eu deux fois des jumeaux. Mon grand-père était l’un des jumeaux. Il était né prématuré et à sa naissance il entrait dans une boite à chaussure qui était rempli de coton et placée dans l’âtre de la cheminée. Né en 1912 et décédé en 2005, alors qu’il était né prématuré et entrait dans une boite à chaussure !
Comment vous est-venu l’idée du blog de ‘Mémoire vive’ ?
En discutant avec des personnes dans mon entourage, j’ai pensé que ce serait bien de faire des passerelles entre les histoires des uns et des autres et ce sans trahir leur confiance. L’idée était de passer au travers d’un filtre ce qu’on m’avait raconté et de trouver des résonances avec l’histoire ancienne ou actuelle. Je voulais également montrer les liens existants entre la généalogie, la littérature, la photo, le cinéma etc. Il s’agit à mon sens d’une discipline « ouverte ».
Le Blog s’imposait de lui-même car je voulais partager mes réflexions et mes expériences. C’est le prolongement de mon site professionnel qui lui me sert davantage de boutique, de vitrine.
Je peux dans le Blog donner ma vision de la généalogie. Pour moi c’est aussi un instrument d’échange. J’ai commencé par exemple une série sur la mémoire des sens qui suscite de nombreux commentaires. J’aime l’idée de toucher les personnes à travers ma propre expérience, de tendre vers quelque chose de plus universel.
Un conseil pour les généalogistes débutants ?
De la patience et de la méthode, d’être sans complexe, d’aller voir les personnes, et d’oser.
Quel est selon vous l’avenir de la généalogie ?
Je l’espère avant tout humain. Internet n’est qu’un outil, il faut s’en servir mais ne pas s’y arrêter. Après il y a les résultats de la recherche et ce qu’on en fait. Et là on est dans le domaine de l’intime, de l’émotion.
J’aime l’idée que la généalogie peut aider à mieux vivre en apportant des réponses ou en permettant d’établir un dialogue entre les générations. Je pense qu’on a le droit de connaître son histoire et l’histoire de sa famille. Pour certains c’est une souffrance de rester dans l’ignorance. A mon sens, le secret peut-être destructeur et je pense qu’il est plus bénéfique de faire face à la vérité, aussi dure peut-elle être. On ne peut pas se construire dans le silence, sans savoir d’où l’on vient.
dardaud
26 février 2014
je suis une descendante du côté de votre mari. Mes arrières grand parents habitaient Limoges, mon arrière grand père était de St Léonard.