De rien Raphaël !
Votre entretien est très intéressant , et nos lecteurs apprécient !
A bientôt !
Entretien avec Raphaël Piéchaud, chef de projet Web et généalogiste blogueur
- De Elisabeth
Aujourd’hui nous avons le plaisir d’accueillir, dans notre rubrique consacrée aux acteurs du monde de la généalogie, Raphaël Piéchaud, jeune blogueur qui nous fait part, non sans humour, de son aventure généalogique. Merci Raphaël !
Pouvez-vous vous présenter en quelques lignes ?
Je m’appelle Raphaël Piéchaud, j’ai 30 ans et j’aime vraiment beaucoup les tartes au citron meringuées. Côté généalogie, je suis ce qu’on appelle un « généalogeek », étant un fervent utilisateur d’internet et des nouvelles technologies de recherches. Ce qui ne m’empêche pas, bien au contraire, d’être particulièrement attaché à la sensation physique des vieux papiers, surtout lorsqu’ils sont passés entre les mains de mes ancêtres.
Je suis Parisien de naissance et de résidence. Je le vis bien. Mes ancêtres, eux, viennent d’un peu partout en France. Je le vis bien aussi, mais c’est parfois moins pratique pour la généalogie.
Quelle est votre activité actuelle ?
Après un master 2 en Histoire audiovisuelle et un master 2 en Communication, je suis devenu chef de projets web dans une agence qui propose des outils en ligne pour faciliter l’organisation de concerts. L’histoire m’a toujours intéressé et continue d’être une de mes passions. Même si je ne la pratique pas professionnellement, j’ai régulièrement affaire à elle en généalogie, particulièrement pour ce qui concerne les méthodes de travail.
Comment est né votre intérêt pour la généalogie ?
C’est une question que je me pose souvent et je crois que je n’ai plus la réponse. Ma grand-tante avait dans sa maison de nombreux documents et papiers de famille et, sans faire elle-même de recherches généalogiques, n’était pas insensible à la chose. J’ai souvenir d’un arbre généalogique qu’elle m’avait montré, réalisé par une branche cousine. On devait être autour de l’an 2000. C’est à cette période que j’ai eu mes premiers accès réguliers à Internet et je dépensais une part conséquente du forfait « 50 heures » en consultation de sites généalogiques (tutoriels, arbres en ligne, etc.). De là j’étais coincé et amené à passer ma vie à faire de la généalogie sur le web !
Quel est l’origine de votre nom de famille ?
Elle est alambiquée. Aussi loin que j’aie pu remonter, ma lignée patronymique vient du Cantal en Auvergne. Ce qui rejoint d’ailleurs une légende familiale qui voulait que les Piéchaud, pourtant tous établis en Gironde, aient pris ce nom parce que vivant aux pieds (chauds) des volcans d’Auvergne. En vérité nous nous appelions alors Pichot (« petit » en auvergnat). Mais un de mes ancêtres commerçant est venu s’établir en l’île d’Oléron dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle, où son nom a été « malmené » sur deux générations, pour finalement devenir Piéchaud. Mais avec le recul, je trouve qu’il a finalement été bienmené.
Quelle est la découverte la plus intéressante que vous avez faite sur votre famille ?
J’aime tout particulièrement les découvertes généalogiques qui touchent aux légendes familiales : peu importe de savoir si elles s’avèrent vraies ou non, simplement de comprendre l’élément qui a pu les initier. La découverte de l’origine de mon nom de famille en est un bon exemple.
Pourtant, c’est plutôt un document qui reste ma découverte la plus incroyable. En triant des cartons dans le grenier de notre maison de famille, je suis tombé sur les trois tomes des mémoires de mon ancêtre Louis-Guillaume Piéchaud, né au début du XIXème siècle et qui s’intéressait lui-même à… la généalogie (voir un exemple) ! Un vrai trésor d’informations sur sa vie et sur mes ancêtres.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre blog ‘Des Racines et des êtres’ ?
J’ai lancé mon blog généalogique en mai 2007. À cette époque les blogs généalogiques étaient bien moins nombreux mais je sentais que ce pouvait être un excellent moyen de présenter mes recherches et trouvailles, avec comme arrière-pensée l’idée d’entrer plus facilement en contact avec des cousins et d’autres passionnés. De ce point de vue c’est mission accomplie, car plusieurs personnes effectuant des recherches sur des ancêtres communs m’ont contacté, et je me suis mis à échanger avec d’autres généalogistes qui lançaient eux aussi leur blog (nombreux ont d’ailleurs été interviewés sur MyHeritage). J’y présente à la fois le résultat de mes recherches généalogiques, mes méthodes de travail, et différentes informations sur des outils ou services (archives en ligne, etc.). Je prolonge mon blog sur Twitter (@desRacines) avec une veille un peu plus légère et des échanges sur l’actu généalogique.
Un conseil pour les généalogistes débutants ?
Cela fait une bonne grosse dizaine d’années que je fais de la généalogie, mais je me considère d’une certaine façon toujours comme un débutant. C’est un domaine tellement vaste, qui nécessite des connaissances riches et variées (histoire, archives, paléographie, actes juridiques, etc.) et je ne suis encore qu’un débutant dans nombre de ces compétences.
En parlant de généalogie, on pense souvent aux archives, à l’écrit. Or, n’importe quel manuel de généalogie le rappelle, il faut commencer par interroger les anciens encore en vie. Ils ont beaucoup à partager et leur témoignages peuvent permettre d’aiguiller le début des recherches.
Ensuite, en tant qu’historien de formation, je suis très attaché aux sources. Chaque information doit être sourcée : on ne peut se permettre de donner une date de naissance seule, le minimum est d’indiquer dans quel document on l’a trouvé. Ce faisant, on pense aussi à nos « successeurs » qui voudront peut-être vérifier ou compléter certaines informations en prenant notre suite.Savoir s’organiser est également un point important : ranger et trier ses documents, noter le résultat de chaque recherche effectuée, relever le maximum d’information dans un document, car une information qui paraît anodine peut parfois permettre de résoudre un blocage.
Enfin, savoir s’arrêter : quand on est fatigué, on n’est plus en état de parcourir attentivement un registre d’archives. Autant reprendre plus tard plutôt que rater bêtement l’acte tant désiré.
Quel est selon vous l’avenir de la généalogie ?
Plus les technologies avancent, plus on peut imaginer aller vers des recherches généalogiques facilitées. Qui aurait imaginé il y a 20 ans qu’on pourrait consulter de nombreuses archives numérisées depuis chez soi ? On peut penser qu’à mesure que les coûts de numérisation et de stockage diminueront, de nombreuses autres archives seront mises en ligne. Et à la vitesse où vont les technologies de reconnaissance optique de caractères, il est probable que des logiciels pourront bientôt retranscrire automatiquement l’écriture manuelle de registres vieux de plusieurs siècles. Il deviendra plus aisé de remplir son arbre de personnes, ce qui laisserait plus de temps pour apprendre sur la vie de ces personnes à travers d’autres documents.
Enfin on pourrait se prendre à rêver d’un format Gedcom mis au goût du jour, évolutif, permettant une réelle interconnexion entre les utilisateurs, d’un logiciel à l’autre. Car si les généalogies sur papier avaient un caractère intemporel, nos recherches compilées dans des logiciels divers, sur des supports numériques aléatoires, ont ceci d’éphémère qu’elles risquent de n’être plus lisibles dans quelques années…
Que pensez-vous de la délibération de la CNIL du 27 avril dernier ?
Pour ce que j’en ai compris, elle vise à protéger des données personnelles sur des individus qui pourraient être encore en vie, en limitant l’accès en ligne à des documents trop récents. Elle empêcherait de consulter sur internet certains actes inférieurs à 100 ans si les mentions marginales ne sont pas masquées ? La belle affaire : peu de services d’archives ont mis en ligne des documents personnels datant de moins de 100 ans, le reste est en ligne sans condition. Comment faisait-on avant ? On se rendait sur place ou bien on envoyait un courrier aux mairies. La CNIL ne revient pas sur les délais de consultation physique.
Si on ne la considère pas comme une porte ouverte à de prochaines restrictions, je trouve que cette recommandation de la CNIL a l’avantage de donner un cadre plus précis aux mises en ligne d’archives, de protéger la vie privée, tout en n’étant pas particulièrement restrictive quant aux délais prévus. Un peu d’ordre et de clarté ne fait jamais de mal.
Raphael @desRacines
28 septembre 2012
Merci MyHeritage pour l’interview ! 🙂