Nous avons suivi avec beaucoup de plaisir et d’intérêt le magnifique travail fait par Claude et Rozeline Hersent. Félicitations à eux
Nous avons remonté le temps …
- De Elisabeth


Claude Hersant & Roselyne L’Hévéder sont utilisateurs de MyHeritage et ont accepté de nous envoyer leur récit pour notre rubrique Vos histoires. C’est avec beaucoup de fierté que nous vous présentons l’histoire de leurs généalogies et de leurs recherches :
« Du vivant de nos parents, nous ne pensions pas assez à leur poser des questions, ni à les interroger sur leur passé…
Nous supposions avoir le temps ! Mais le temps nous a rattrapés …
Lorsqu’ils sont partis nos questions sont restées sans réponses et les photos jaunies gardent leur secret.
Ils pensaient que nous savions …
Et nous pensions avoir le temps …
Puis est venu le temps de l’informatique et la découverte sur internet des exemples de généalogistes qui nous ont propulsés vers l’univers de nos ancêtres.
Nous avons donc rassemblé nos souvenirs jusqu’à nos grands-parents respectifs, puis les complications ont commencé.
Nous avons arpenté les cimetières, sources inépuisables de renseignements et de dates : sur les anciennes pierres tombales de granit, les informations abondent [noms et prénoms, dates de naissance et de décès… enfants morts en bas âge dont nous ignorions même l’existence].
D’une tombe à l’autre nous avons remonté le temps…
Pour le reste, nous avons écrit et rendu visite aux mairies des communes concernées pour consulter les différents actes; certaines nous ont bien accueillis et renseignés, d’autres ont été plus réticentes.
Les archives départementales et bibliothèques municipales ont aussi reçu notre visite, afin de visionner les actes sur microfilms.
Puis nous avons écrit à nos cousins et cousines respectifs pour glaner d’autres informations relatives aux us et coutumes et professions des différentes familles qui étaient de condition modeste, car pour la plupart étaient : domestiques, laboureurs, cultivateurs, cultivatrices, ménagers, ménagères, filandières …
Ils vivaient une époque relativement difficile et devaient souvent se contenter de peu, ce qui nous fait comprendre que la société a quand même évolué dans le bon sens, même si aujourd’hui le monde est loin d’être parfait … »
L’origine de nos patronymes
HERSANT : serait un nom d’origine Germanique ‘’Harisindis’’ qui signifie
« armée en chemin ‘ » [ Hari=armée, sind=chemin].
* Ces familles vinrent cohabiter principalement dans la Sarthe et le Maine et Loire.
HERCENT : nom porté par les familles qui se sont implantées dans le Morbihan, qui serait le surnom du laboureur [du latin hirpex, herse] à moins qu’il s’agisse d’une déformation du patronyme ‘’HERSANT’’
HERSART : est une variante ancienne que l’on retrouve dans les noms « Hersart de la Villemarque », et également « Hersart de la Villemarque de Cornouaille ».
* Dans le Roman de Renart dame Hersent était l’épouse du loup Ysengrin.
*Anecdote : mon grand-père paternel bourrelier de profession, se plaisait à dire « herse en bois, herse en fer, rouleau ! »
Claude :
« Mon père Alexis a perduré la profession de bourrelier qu’exerçait son père qui l’avait formé en débutant comme apprenti. Tout d’abord il a appris à poisser le fil de chanvre reçu en pelote, il détaillait ce fil en longueur de 2 brasses environ, soit un peu plus de 3 mètres, la valeur d’une aiguille. Il engluait ce fil en le tirant sur son genou dans un morceau de cuir plié, contenant une noisette de poix [matière résineuse ou bitumineuse provenant d’une distillation de consistance acqueuse], puis le lissait avec un chiffon de façon à ce qu’il glisse bien dans la couture. Ensuite il tortillait ensemble deux, trois ou quatre brins, selon la résistance désirée et enfin appointait le cordonnet obtenu pour enfiler une aiguille à chacun de ses bouts permettant une couture croisée.
Ensuite il a appris à coudre le cuir qu’il maintenait avec des pinces en bois entre ses jambes, après avoir percé les avant-trous à l’alêne. Il se protégeait parfois les paumes sous un gantelet appelé « manique », le manche arrondi de l’alêne en buis lui servait au besoin à enfoncer l’aiguille. Il a appris également à confectionner les harnais et autres accessoires en cuir.
Fort de son savoir, son père étant décédé brutalement à l’âge de 51 ans, il a installé l’atelier dans le grenier de la maison familiale et s’est inscrit à la chambre des métiers comme Artisan Bourrelier, Sellier, Matelassier].
Dans son atelier il y avait outre les alênes et les aiguilles, l’outillage de bourrellerie se composant de tranchets, de couteaux à pieds pour amincir le cuir, de couteaux mécaniques avec réglettes graduées serrées par une vis pour découper les peaux en bandes régulières, d’un compas pour mesurer, d’un marteau, de pinces, de ciseaux, de tenailles, et de poinçonneuses…
Il achetait son cuir de bourrellerie à la tannerie de Bain de Bretagne qui lui était livré en demi-peaux roulées qu’il redressait dès leur arrivée afin qu’elles retrouvent leur forme. Avec ce cuir de différentes qualités il fabriquait à la demande des paysans, dans le cuir épais des bœufs les sangles, les traits de harnais, ainsi que toute autre pièce soumise à rude effort. En revanche, les colliers, les selles, les éléments plus raffinés, étaient parfois taillés dans le cuir souple des moutons appelé la basane.
A la belle saison, du mois d’avril au début des moissons, il partait dès « potron-minet » accomplir sa tournée des écuries en vélo remorquant une carriole de sa fabrication [caisse en bois et roues de vélo moteur], dans laquelle il rangeait ses outils, ses bidons d’huile, ses pinceaux, son pot de poix, ses cordonnets de fil, sa cardeuse et ses cuirs de différentes dimensions et qualités.
Quand il arrivait à la ferme, bien souvent il était accueilli par la bonne qui lui servait à déjeuner, il travaillait jusqu’à midi, mangeait avec les gens de la ferme, se remettait à l’ouvrage jusqu’au soir, et ne rentrait chez lui qu’après le souper à la ferme.
Il était de coutume que les fermiers nourrissent le bourrelier lorsqu’il venait entretenir les harnais à domicile.
Dans ces fermes de l’aube au crépuscule, lui que l’on surnommait « le marquis de la croupière » brossait les licols, grattait les sous-ventrières, vérifiait la solidité des surfaix, graissait les brides, huilait les sellettes et réparait si nécessaire… « La bonne tenue des attelages dépendait de ces visites annuelles ».
Il rouvrait son atelier lorsque les paysans entamaient la moisson. Il réparait alors les toiles de faucheuses-lieuses, de moissonneuses-lieuses et s’attaquait aux travaux de literie [sommiers, matelas et parfois couvre-pieds] en cela il était aidé par ma mère qui exerçait la profession de couturière. »
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L’HEVEDER : L’Hévéder ou Levede est une ancienne forme de ALC’HUEDER qui signifie « Alouette » – ALC’ HUEDER veut dire « L’HEVEDER ».
*C’est l’un des plus anciens noms d’origine Celtique porté par les familles qui du Vème au VIIème siècle, vinrent des îles Britanniques cohabiter près des Armoricains romanisés, et leur apporte l’indépendance, en créant de toutes pièces une nation politique et religieuse de Quimper à Redon et du Couësnon à l’embouchure de la Loire.[ Informations tirées du livre « La Clé des Champs » de François JAFFRENOU-1934].
Roselyne :
« Après la guerre mon père Louis L’Hévéder s’était engagé dans la marine marchande comme mécanicien-graisseur sur les pétroliers. C’était un métier très dur, il lui fallait travailler dans la salle des machines dans le ventre du navire sans air pur ni lumière du jour, l’odeur écoeurante des graisses, de l’huile et du pétrole flottait dans les coursives. Il travaillait de quart et partageait sa cabine avec trois de ses collègues.
Cette vie l’éloignait de sa famille durant quatre à cinq mois, puis il lui était accordé un mois de congés qu’il appréciait énormément. Il respirait à nouveau l’air pur et la contemplation de la nature était son passe-temps favori [né et élevé dans une grande exploitation agricole : le plancher des vaches, les champs, la nature et le chant des oiseaux lui manquaient énormément lorsqu’il était en mer].
Il a malgré tout eu la compensation et la satisfaction de connaître au cours de ses nombreux voyages des pays tels que le Mexique, la Chine, l’Afrique, les Etats Unis et autres pays producteurs de pétrole… dont il n’a principalement connu que les ports et les quartiers alentours. Il faisait de courtes escales le temps du transfert de la cargaison, dans les ports français du Havre, de Port de Bouc et de Donges où notre mère allait parfois le retrouver… Il nous est arrivé à mon frère, mes sœurs et à moi-même de l’accompagner.
Je garde le souvenir de nos courses folles dans les coursives où nous jouions à cache-cache, et de l’odeur de pétrole qui imprégnait ces grands pétroliers. »
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Notre quête
« Nous avons reçu une aide précieuse de nos cousins les plus âgés qui ont retrouvé dans des tiroirs et greniers des livrets de famille et photos oubliés… [noces en groupe qui ont été particulièrement intéressantes à étudier].
Nous avons ainsi pu mettre un visage sur chaque personne et reconstituer le puzzle géant de nos familles et ainsi remonter jusqu’à 1554 d’une part et jusqu’en 1610 d’autre part …
Dans un forum de généalogie nous avons découvert des informations et renseignements relatifs au site de « MyHéritage » que nous avons utilisé pour créer notre site familial « Web de Claude Hersant » le 19 juillet 2009, dans lequel notre arbre contient à ce jour 2841 individus et grâce à la correspondance de 943 Smart-Matchs, nous avons été contactés par 25 cousins et cousines qui nous ont permis de vérifier ensemble la cohérence de nos ancêtres communs et aussi de corriger quelques erreurs. Depuis nous correspondons avec eux ; nous avons même reçu plusieurs visites et noués des liens avec ces cousins « à la mode de Bretagne »… un vrai bonheur !!!
Nous continuons à glaner des renseignements [dates manquantes de naissances, baptêmes, décès et mariages], en consultant principalement les archives en ligne des différents sites des AD.
Pour ceux qui seraient intéressés voici ci-dessous quelques adresses de ces sites que nous utilisons :
AD d’Ille et Vilaine
AD des Côtes d’Armor
AD du Morbihan
CG44Loire Atlantique
Merci à toutes les personnes qui nous ont permis d’élaborer notre arbre généalogique et merci aussi aux personnes du support technique de MyHeritage qui gentiment nous ont aidé au cours des problèmes rencontrés.
Nous espérons que cette généalogie perdurera grâce à notre descendance, sans qu’il y soit inscrit le mot … « FIN ». »
Mille mercis à Claude et Roselyne pour ce récit. Nous leur souhaitons tous nos vœux de réussite dans leurs recherches généalogiques. Si vous aussi vous voulez nous faire partager vos impressions et votre expérience, n’hésitez pas à me contacter : joss[a]myheritage.com
Claude Hersant
14 décembre 2010
Merci Josselin,
Félicitations pour la présentation de ce blog.