Entretien avec Marcel Andrieu, président de Cantal-Liens

Entretien avec Marcel Andrieu, président de Cantal-Liens

Dans le cadre de notre rubrique consacrée aux acteurs de la généalogie, j’ai rencontré récemment monsieur Marcel Andrieu, président de Cantal-Liens, ‘association de liaison pour la généalogie et l’histoire populaire du Cantal’.

Monsieur Andrieu a commencé sa généalogie il y a quarante ans, avec papier et crayon, pour finalement créer sa propre association. Il avoue passer dans le monde de la généalogie pour une personne atypique et le revendique !

Voici donc le portrait  d’un généalogiste atypique qui nous présente l’association Cantal-Liens en nous dévoilant sa vision de la généalogie. Merci Marcel !

Comment est né votre intérêt pour la généalogie ?

Curieusement à la lecture de documents trouvés dans un grenier familial et relatant un procès rural d’un de mes ancêtres avec la moitié de la population de son village. J’ai voulu en savoir un peu plus et le piège s’est refermé sur moi…

Quel est l’origine de votre nom de famille ?

Pour le bonheur de mes recherches c’est une famille paysanne du Cantal, c’est-à-dire ayant très peu bougé ou très localement et mes recherches ont tourné autour de très peu de communes. Beaucoup se sont piqués et à grand renfort d’ouvrages, de donner leurs explications personnelles sur les patronymes de nos régions. J’ai vu des sens et contre sens très variés. Jusqu’à une certaine époque les noms de famille n’existaient pas et l’on n’était reconnu que par son prénom qui était celui de notre « saint patron » sous lequel nous étions baptisés. C’est ici le vrai sens du mot Patronyme.

Notre administration nous demande avec hauteur notre nom et notre prénom mais par définition le pré-nom est celui qui vient avant le nom) Comme beaucoup portaient le même prénom il fallait les distinguer par le lieu où ils habitaient. L’origine de mon nom ANDRIEU vient en toute certitude de la contraction d’ -André del rieu- (celui qui habite près du ruisseau). Je vous laisse avec les du Pont, les du Moulin,  les de la grange etc …

Quelle est la chose la plus intéressante que vous avez découverte sur votre famille ?

Les familles paysannes ne conduisent qu’à peu de découvertes mais l’histoire régionale qui les entoure est très riche et passionnante pour qui sait aller au-delà des seuls actes BMS. C’est ma généalogie elle-même qui m’a révélé énormément de choses et d’intérêt. D’un niveau d’enseignement basique (génération oblige) stoppé au seul Certificat d’études je me suis retrouvé à 65 ans parmi des étudiants turbulents, dans une année d’Histoire médiévale en fac à Tolbiac, sur les traces d’un parent Simon de Montfort et d’autres parents Cathares …

Pouvez-vous présenter à nos lecteurs Cantal-Liens ?

Après avoir lancé une association généalogique traditionnelle à fort effectif et grand développement j’ai créé Cantal-Liens avec un effectif volontairement plus limité à des chercheurs plus engagés et un esprit plus convivial loin des adhérents « pousseurs de caddies » que l’on voit passer pour faire leurs provisions, sans intentions d’échange. Notre but n’est plus la course aux adhérents mais  je ne pourrais mieux répondre qu’en reprenant les buts annoncés dans notre site : réunir et aider tous les passionnés de la généalogie et de l’histoire populaire du Cantal afin de leur donner une base de consultations ou d’apports et de promouvoir notre département auvergnat.

Notre esprit se veut résolument amical, dans une convivialité constructive, généreuse et innovante. Ca limite évidemment !

Notre association à trois ans d’âge et notre dernier adhérent a le n° 93. Ce sont pour beaucoup des personnes dynamiques mais retraitées car la généalogie demande du temps. Ils ne sont pas cantaliens de domicile mais d’origine. Ce sont des personnes curieuses dans leur domaine d’activités.

Comment l’association fonctionne-t-elle ?

Nous avons d’emblée tourné le dos aux bulletins traditionnels qui pèsent lourd dans un coût d’adhésion, qui est trop lent en publication et qui ne correspond plus aux pratiques actuelles. Les gens ne savent plus lire, il faut aller à l’essentiel rapidement. Nous fonctionnons avec une messagerie interne qui a une réaction immédiate ou presque. Nos adhérents étant dispersés dans toute la France nous ne faisons pas pour le moment de permanence, d’autant que notre messagerie nous permet des échanges immédiats. Nous entretenons toutefois notre convivialité par quelques visites ou conférences que nous organisons.

Quels sont les travaux actuels ou déjà portés à terme ?

Nous avons évidemment un fichier de BMS du Cantal d’environ 1 million de références, ainsi qu’actuellement environ 46000 références d’actes notariés. Ces références ne sont accessibles qu’à nos adhérents. Nous ajoutons à cela un très riche dépôt de dossiers annexes sous l’intitulé « la petite histoire du Cantal » (notre site). Les État-civil  en lignes freinent l’utilité des dépouillements traditionnels et nous préférons de loin numériser des documents annexes fort utiles qui ne sont pas encore numérisés

Quels sont les projets de l’association pour l’avenir ?

Étonnamment étant domicilié à Alfortville, j’ai été sollicité par la Médiathèque du Val de Marne pour faire un exposé sur la généalogie en générale, ses pratiques, ses méthodes, ses matériels. Cela m’a valu des demandes à créer des « ateliers d’initiation à la généalogie ».  Notre association à caractère régional est en train de devenir plus généraliste dans ses aides proposées. Notre goût de l’échange n’y trouve qu’une motivation supplémentaire et ce pourrait être notre tendance d’avenir.

Quel est selon vous l’avenir de la généalogie ?

Très peu d’avenir sur le plan associatif car la plupart des archives d’état-civil sont maintenant en lignes sur le site des Archives départementales. De plus les chercheurs amateurs considèrent que leur généalogie se limite à la connaissance des BMS de leurs ascendants et ignorent totalement l’intérêt des documents annexes tels que les recensements, les passeports, et bien d’autres choses qu’il faut chercher. L’activité principale des associations porte maintenant sur des recherches aléatoires d’actes notariés. Ces archives en lignes et la disparition de l’esprit d’échange au profit de l’individualisme fait que la plupart des associations sont en perte d’effectif. Les sites de dépôt de pans entiers de généalogie  y sont évidemment aussi pour beaucoup, fort heureusement ces infos déposées ne sont pas toujours exactes …

Nous compensons cette situation en offrant des documents inédits que notre curiosité nous permet de trouver dont dernièrement des Dispenses matrimoniales de consanguinité accordées par les Évêchés et qui donne des renseignements fabuleux sur des généalogies partielles, la situation financière des familles et leur niveau social.

Un conseil pour les généalogistes débutants ?

Avant tout recueillir et garder tous les papiers de famille tombant sous la main. Ensuite prendre conscience que toutes les maisons de retraite sont chargées de nos grands-pères et grands-mères qui attendent notre visite pour nous raconter ce que l’on ne trouve pas ailleurs sur internet… Puis adopter une bonne organisation au départ, ne pas confier ses débuts à d’autres, ce doit être une initiative et un travail personnel dont on tirera beaucoup de satisfaction. C’est à la venue des premières difficultés que l’on peut s’approcher d’associations ou groupes de discussion. Ne serait-ce que pour échanger car les échanges révèlent souvent des pistes inespérées.

Garder un mémoire que la généalogie n’est pas un loisir mais un devoir de transmission au même titre que la commode héritée de la tante ou la décoration héritée du grand père.

Commentaires

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  • BERNARD

    28 septembre 2015

    Bonjour,

    Mon grand-père maternel est né à Omps (la châtaigneraie), en 1877, décédé et inhumé à Bordeaux en 1951 lui même fils de Guillaume BADUEL (né à Omps en 1851 +1919 à Bordeaux), Raboteur de plancher, et de Catherine BOUSSAROQUE (Royre ° 1855 + Bordeaux en 1934). Je souhaiterais continuer mes recherches par le biais des A.D.15, ma impossible depuis mon PC d’ouvrir le dit site (A.D.15). Je ne sais pas si cela vient de mon P.C. ou de la connexion ou du site lui-même. Je souhaiterais obtenir les recensements pour voir à quelle période a disparu Guillaume BADUEL, bouvier, nait en 1783 à Lacapelle-Viescamp .

    Géné@micalement.