Lorsque l’histoire familiale rime avec un même lieu…

Lorsque l’histoire familiale rime avec un même lieu…

Je suis sûre que mon arbre et le vôtre ont un point commun : des branches entières comportant plusieurs générations ayant vécu au même endroit.

Je suis née dans une charmante petite ville de la Gascogne, Lectoure, où non seulement mes parents sont nés, mais aussi mes grands-parents maternels, nés respectivement en 1919 et en 1924, et mon arrière-grand-mère Élina, née en 1899. En remontant plus loin, s’ils ne virent pas le jour à Lectoure, mes ancêtres n’arrivaient pas de bien loin, à une dizaine de kilomètres tout au plus, et on les retrouve finalement à Lectoure le jour de leurs noces, et jusqu’à leur décès.

Lectoure et ses environs ont donc une signification particulière dans ma généalogie. De plus étant donné que la maternité ferma ses portes quelques années après ma naissance, la mention ‘né à Lectoure’ fait désormais partie  de l’histoire ! Je la porte moi-même comme le privilège d’une époque révolue ! Mon frère, né dix ans après moi, n’a pas eu cet honneur et a dû naître dans une ville qui est absolument étrangère à notre histoire familiale !

J’ai  passé les premières années de mon enfance en pleine campagne, tout comme les générations qui m’ont précédées. Ma propre expérience de ces années champêtres et celle de ma ville natale est cependant bien différente de mes parents et de mes grands-mères que je remercie ici pour leur patience à répondre à mes innombrables questions. La dernière en date portait sur leurs souvenirs de notre ville natale commune et de sa campagne environnante.

Voici les propos recueillis auprès de ma mère (née en 1950) :

‘Jusqu’à la fin des années 50, on allait puiser l’eau au puits et on s’éclairait à la lampe à pétrole. Lorsque nous étions enfants, nous allions à l’école par les chemins de terre. Nous faisions deux kilomètres à pied. On partait souvent avec de gros souliers et à l’école nous mettions les pantoufles, elles étaient alignées en bon ordre dans le couloir. Chacun avait son porte-manteau avec son nom. On emportait notre repas, et on rentrait à la maison en mangeant des tranches de pain. A peine arrivés, on se nettoyait les souliers à la petite mare. Dans les années 60, on y allait en vélo, et on mangeait à la cantine.’

Jusqu’à la fin des années 40, ma belle-mère [ma grand-mère paternelle] se rendait en ville avec un charreton tiré par une jument. Et ma mère, [ma grand-mère maternelle qui avait son permis mais que mon grand-père n’a jamais laissée conduire], jusqu’aux années 60, allait tous les vendredis au marché en mobylette.

Il y avait beaucoup de commerces : épiceries, drogueries, chapeliers, tailleurs, couturières… Avec l’arrivée des grandes surfaces, la plupart de ces petits commerces ont disparu dans les années 80. Nous n’avons plus de marché de la volaille, ni de marché de bétail.’

Mon père se souvient qu’on lui racontait que, dans les années 20, le transport de marchandises (grains, bois, vin etc.) se faisait avec des chars attelés à des bœufs. Ils allaient d’une ville à l’autre et les femmes marchaient à pied et tricotait tout en guidant les bœufs.

Il se rappelle avoir vu un jour  la jument conduite par sa mère se cabrer en pleine rue. Aujourd’hui l’idée même d’un cheval dans les rues de la ville où j’ai grandi m’est difficile à imaginer. Et mes souvenirs d’enfance dans les années 70 et d’adolescence dans les années 80 dans les mêmes lieux me semblent bien moins pittoresques : l’eau courante, l’électricité, le car scolaire qui m’amenait à l’école (sans pantoufles dans les classes !), la mobylette réservée aux adolescents et non plus aux mères de famille, les voitures, éléments urbains bien moins palpitants que les chevaux, et une station d’essence à la place du maréchal-ferrant dont mon père se souvient encore !

Et vous, votre histoire familiale est-elle fortement ancrée dans une ville ou un village ?

Crédit photos : Lectoure à la Belle Époque, ed. du Syndicat d’Initiative de Lectoure, 1984.

Commentaires

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  • lise

    1 mai 2012

    j’ai aussi eu le privilège de mettre au monde mon fils JM à la maternité de LECTOURE ( il en est très fier ) car effectivement depuis 1981 cette dernèire a fermé ,tout a été regroupé au département, elle voyait cependant naitre 100 petits lectourois par an.Depuis cette date 2 ou 3 sont nés à lectoure…………….Dans le cabinet du médecin traitant, trop pressés d’arriver ou trop heureux de ne pas partir à 35 kilometres